Des chercheurs britanniques ont examiné 70 études portant sur plus de 330 000 patients ayant été admis dans des hôpitaux et des cliniques spécialisées du monde entier. Ils ont découvert que 50 % de l’ensemble des préjudices causés par les soins médicaux pouvaient être évités.
Les services de soins intensifs et de chirurgie sont les plus touchés
Une équipe de scientifiques de l’université de Manchester, au Royaume-Uni, a estimé qu’environ 12 % des patients subissaient des préjudices physiques ou psychologiques dans le cadre de soins médicaux, et qu’environ 6 % d’entre eux étaient évitables. Étaient considérés comme tels les préjudices dont la cause était clairement identifiable, et pouvait être modifiée ou évitée : prise en charge médicamenteuse ou thérapeutique, diagnostic, interventions médicales ou chirurgicales effractives et infections survenues dans le cadre du traitement.
La prévalence la plus élevée de préjudices aux patients a été constatée dans les services de soins intensifs et de chirurgie, et la plus faible en obstétrique. Environ la moitié des dommages causés ont été classés comme légers, un tiers comme modérés, et 12 % comme graves. Les interventions chirurgicales représentaient quant à elles 23 % des cas de dommages médicaux évitables, contre 16 % pour les infections et environ 50 % pour les traitements médicamenteux ou thérapeutiques.
« Le taux de préjudices évitables continue d’être intolérablement élevé »
Bien que les variations dans la durée des différentes études analysées n’aient pas permis d’établir une liste exhaustive des préjudices médicaux subis par les patients, les chercheurs estiment toutefois que 50 % d’entre eux auraient pu être facilement évités au cours des 19 dernières années. Publiée dans le British Medical Journal, leur analyse souligne également que les séjours hospitaliers supplémentaires attribuables aux dommages médicaux représentaient environ 2,4 millions de jours cumulés chaque année aux États-Unis, pour un coût total estimé à 9 milliards de dollars.
Pour le Dr Albert Wu, professeur en politique et gestion de la santé à la Bloomberg School of Public Health : « Ces travaux nous montrent que 20 ans après avoir pris conscience des problèmes liés à la sécurité des patients, le taux de préjudices évitables causés par les soins de santé continue d’être intolérablement élevé, causant un énorme fardeau de souffrances inutiles, voire dans certains cas la mort de patients. Il s’agit de l’une des études les plus vastes sur ce sujet, qui illustre la gravité du problème auquel nous sommes confrontés. »
S’il n’existe pas de solution miracle pour empêcher les erreurs médicales, il est tout de même possible de les réduire. Cela pourrait se faire grâce à l’implication du personnel soignant et une meilleure gestion globale du système, selon les chercheurs. Mais cela est souvent difficile à appliquer, en raison du fréquent manque d’effectifs…
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
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