Les chercheurs ayant participé à la conférence Biological Extinction, qui vient de se tenir au Vatican, dressent un bilan pour le moins alarmant sur l’avenir de la biodiversité sur Terre : actuellement, une espèce sur cinq est menacée d’extinction, et une sur deux le sera d’ici la fin du siècle. L’humanité pourrait rapidement venir à manquer de nourriture et de plantes médicinales…
Un pillage sans précédent
Paul Ehrlich, biologiste à l’université Stanford de Californie, déroule la liste des crimes commis par l’humanité envers sa planète natale : « les riches pays occidentaux sont en train de siphonner les ressources de la planète à une vitesse jamais atteinte. Nous voulons construire des autoroutes à travers le Seregenti pour obtenir davantage de minéraux rares pour nos téléphones portables. Nous prélevons tout le poisson des mers, détruisons les récifs coralliens et libérons du CO2 dans l’atmosphère. Nous avons déclenché un processus majeur d’extinction. La question est : comment l’arrêter ? »
Des actions urgentes doivent être mises en place pour stopper la catastrophe qui se prépare. Car d’ici la fin du siècle, une espèce sur deux pourrait être menacée de disparition. Or, ces plantes et ces animaux sont tout ce qui permet à l’humanité de vivre. La disparition de ces sources de nourriture et de soin mènerait à la réduction drastique des représentants de l’espèce humaine elle-même.
Des constats qui ne semblent pas alarmer
Malgré leur gravité, les constats des écologistes, biologistes et économistes ne semblent pas inquiéter le monde outre mesure, comme ils le déplorent eux-mêmes : « le tissu vivant qui compose le monde est en train de s’effilocher entre nos doigts sans que ça ait l’air d’alarmer personne ». Si la disparition du tigre ou du rhinocéros fait parfois les grands titres des journaux, l’extinction de nombreuses espèces végétales moins populaires passe inaperçue. Or, elles contribuent à purifier l’eau et l’air tout en absorbant le carbone émis par nos véhicules et nos usines, elles régénèrent le sol et sont une source constante d’inspiration esthétique…
Des relations compliquées entre le Vatican et les scientifiques
La conférence était organisée par le Vatican, le pape François estimant qu’il était urgent d’aborder ces questions afin de prendre des mesures efficaces permettant la survie de l’espèce humaine à long terme. Chercheurs en sciences sociales, étudiants en humanités et biologistes se sont donc symboliquement rassemblés à l’Académie Pontificale : « cela montre que l’ancienne hostilité entre la science et l’Eglise, au moins sur la question de la préservation de la Terre, est apaisée », souligne l’économiste Sir Partha Dasgupta, de l’université de Cambridge.
Pourtant, des tensions sont palpables, voire clairement exprimées. La participation de Paul Ehrlich, fervent partisan du contrôle de la natalité à l’échelle mondiale, a été l’objet d’une pétition demandant son retrait, signée par environ 11 000 catholiques conservateurs. Cependant, le pape n’a pas donné suite à ces doléances.
Surpopulation : le manque de ressources pour satisfaire tout le monde
Pour Ehrlich, le problème est simple : si on veut qu’un maximum d’êtres humains puissent vivre sur Terre, il faut que la planète supporte sa charge. Mieux vaut donc qu’un nombre déterminé d’hommes s’y épanouissent pendant plusieurs millénaires, plutôt que des milliards et des milliards s’y agglutinant et que la civilisation finisse par s’effondrer, pour ne laisser qu’une centaine de survivants. Le contrôle des naissances est donc une solution à très long terme.
Il faut dire que les chiffres sont effrayants. D’ici 2100, la population mondiale sera passée de 7,4 milliards à 11,2 milliards d’individus. L’augmentation proviendra essentiellement d’Afrique, où le taux de fertilité est toujours deux fois plus élevé que dans le reste du monde. Dasgupta dresse un tableau apocalyptique : « la population de l’Afrique va passer d’1 à 4 milliards d’individus. Pouvez-vous seulement imaginer les tensions que cela va engendrer, surtout avec les changements climatiques qui se préparent et qui vont frapper le continent plus que n’importe quelle autre partie du monde ? Que pensez-vous qu’il se passera, quand les régions arides se seront étendues, et qu’une centaine de millions d’Africains essaieront de traverser la Méditerranée ? C’est terrifiant. »
Paul Ehrlich propose une comparaison tout aussi parlante : « pour supporter la population mondiale actuelle durablement – et j’insiste sur durablement -, il faudrait une moitié de planète supplémentaire pour apporter les ressources nécessaires. Cependant, si chacun consomme autant de ressources que les États-Unis – ce qui correspond aux aspirations du monde –, c’est 4 ou 5 autres Terre qu’il faudrait ».
Nous avons les capacités de remédier à cette situation. Encore faut-il que le danger soit clair aux yeux de tous…
Par Séranne Piazzi, le
Source: The Guardian
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