Récemment, un site aborigène vieux de 46 000 ans a été détruit par une société minière en Australie. Cette destruction a été orchestrée en toute légalité et l’inquiétude croit face à cette situation dans la mesure où d’autres sites d’une grande importance archéologique risquent également la destruction.
L’exploitation de minerai de fer : une menace pour l’héritage historique australien
Les protestations des archéologues et des groupes autochtones continuent en Australie après que les autorités locales ont donné la permission à plusieurs entreprises d’exploitation minière d’endommager plus de 100 sites aborigènes à Pilbara. Cet endroit d’une grande importance historique, culturelle et archéologique abrite plusieurs grottes sacrées et autres abris sous roche, ainsi que des arbres cicatriciels. Malheureusement, ces terres sont également très riches en minerai de fer, une roche très convoitée par les sociétés minières.
Récemment, la destruction de l’un de ces sites était au cœur d’une controverse. Au mois de mai, l’entreprise Rio Tinto a détruit les deux grottes de Juukan Gorge, des abris sous roche aborigènes vieux de 46 000 ans dans le cadre de l’expansion de sa mine de fer dans l’ouest de Pilbara. Ces sites avaient une profonde importance historique et culturelle dans la mesure où c’étaient les seuls sites archéologiques australiens ayant laissé des traces d’une occupation humaine pendant la dernière période glaciaire. Le plus choquant concernant cette destruction étant que l’entreprise n’a nullement enfreint la loi puisque Rio Tinto a obtenu un consentement ministériel pour endommager ce site historique.
Cette destruction est très mal passée auprès du public, et Rio Tinto a tenté de faire amende honorable en pénalisant lourdement certains dirigeants de l’entreprise. Mais cette mesure est loin d’être suffisante pour les groupes autochtones et les archéologues. Au cours des dix dernières années, les sociétés minières ont été autorisées à détruire plus de 460 sites aborigènes, et il est à craindre que des centaines d’entre eux puissent être prochainement détruits par des sociétés minières. Face à cela, il a été demandé qu’un arbitrage indépendant soit effectué pour décider si les sites archéologiques de Pilbara peuvent vraiment être endommagés pour l’exploitation minière.
Une situation compliquée pour tous
De son côté, le gouvernement fédéral australien a également décidé de mener l’enquête sur les autorisations données aux sociétés minières de détruire des sites aborigènes. Mais cette décision n’a pas rassuré les groupes autochtones, a rapporté Reuters. Selon ces derniers, le gouvernement pourrait ne pas être objectif, dans la mesure où il dépend des revenus des sociétés minières sous forme de redevance. De leur côté, les sociétés minières comme Rio Tinto, BHP et Fortescue ont déclaré ne plus vouloir détruire de patrimoine traditionnel. Mais les experts affirment qu’elles attendent juste que l’attention du public soit détournée de l’affaire pour reprendre le cours habituel de leurs activités.
Si cette affaire est actuellement au cœur de la controverse, il faut savoir que la destruction de site archéologique n’est pas un phénomène isolé en Australie. Pas plus tard que l’année dernière, la construction d’une ligne de train à Sydney a causé la destruction d’un site d’une importance considérable. De même, un site de la péninsule de Burrup est gravement menacé par un projet gazier qui endommage petit à petit des gravures rupestres qui s’étalent sur plusieurs milliers d’hectares. Jusqu’à présent, les propriétaires traditionnels de ces sites luttent tant bien que mal pour protéger leur patrimoine historique, mais la lutte est encore loin d’être gagnée.
Par Gabrielle Andriamanjatoson, le
Source: The Guardian
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