Une nouvelle technologie pourrait bouleverser notre compréhension de l’intelligence. Et si tout commençait par le cerveau d’Albert Einstein ?

Une nouvelle technique pour lire le cerveau, cellule par cellule
Pendant longtemps, on a cru que la science avait tout appris du cerveau d’Albert Einstein, décédé en 1955. Mais une technologie récente, dévoilée dans la revue Cell, pourrait tout changer. Son nom ? Stereo-seq V2. Grâce à elle, les chercheurs peuvent observer l’activité des gènes dans chaque cellule du cerveau, même sur des tissus anciens.
Ce qui rend cette méthode si prometteuse, c’est qu’elle fonctionne même avec des fragments abîmés. Jusque-là, les tissus cérébraux trop anciens posaient problème. Stereo-seq V2 rouvre donc l’exploration de cerveaux conservés depuis des décennies, avec une précision inédite. C’est un peu comme explorer une bibliothèque microscopique, livre par livre.

Le cerveau d’Einstein : découpé, dispersé, mais toujours fascinant
Le destin posthume du cerveau d’Einstein est digne d’un roman. Lors de son autopsie, le médecin Thomas Harvey l’a prélevé sans l’accord de la famille. Il l’a ensuite découpé en 240 morceaux, envoyés à des collègues ou stockés dans des bocaux… dans un frigo à bière !
Vingt-cinq ans plus tard, un journaliste redécouvre ces fragments. L’histoire choque autant qu’elle fascine. Certains dénoncent un manque d’éthique, d’autres y voient une opportunité scientifique. Aujourd’hui, les chercheurs espèrent pouvoir analyser ce qu’il en reste. Si les échantillons sont encore exploitables, la méthode Stereo-seq V2 pourrait enfin révéler leurs secrets.
Peut-on trouver une signature biologique du génie ?
La question est délicate : le génie est-il visible dans les cellules du cerveau ? Les scientifiques sont prudents. Ils rappellent que l’intelligence dépend de nombreux facteurs : la génétique, bien sûr, mais aussi l’éducation, l’environnement et l’expérience personnelle.
Pourtant, en comparant plusieurs cerveaux exceptionnels, on pourrait identifier des schémas communs. Des zones plus actives ? Des connexions plus denses ? Des gènes exprimés différemment ? Rien n’est sûr, mais la technologie ouvre une voie nouvelle. Pas pour fabriquer des génies, mais pour mieux comprendre comment le cerveau apprend, raisonne et évolue.
Une découverte utile pour la médecine… et l’histoire
À l’origine, Stereo-seq V2 vise à mieux diagnostiquer certaines maladies rares, notamment neurologiques. Mais ses performances sur des tissus anciens intriguent les chercheurs. Et si l’on pouvait étudier les cerveaux de figures historiques ?
Einstein ne serait qu’un début. On conserve aussi des fragments du cerveau de Charles Babbage, pionnier de l’informatique, ou de Carl Friedrich Gauss, mathématicien de génie. Avec cette technologie, chaque cellule devient un indice, chaque fragment un chapitre oublié de l’histoire de la pensée humaine.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Catégories: Sciences, Sciences humaines