Ultra-résistante, capable de photosynthèse sous lumière infrarouge et d’une survie dans les pires conditions, la cyanobactérie Chroococcidiopsis pourrait bien devenir une alliée majeure pour vivre sur Mars.

Chroococcidiopsis, la bactérie qui résiste là où tout échoue
Son nom est imprononçable, mais ses capacités sont bluffantes. Chroococcidiopsis, surnommée « Chroo » par certains chercheurs, est une cyanobactérie extrémophile. En clair, elle adore les milieux mortels pour la plupart des formes de vie.
Retrouvée dans les déserts brûlants ou glacés, y compris en Antarctique, elle intrigue les astrobiologistes, ces scientifiques qui cherchent à comprendre comment la vie pourrait exister ailleurs que sur Terre. Et pour cause : Chroo résiste aux UV, au froid extrême, au vide spatial, et même aux radiations ionisantes. Une vraie survivante.

Lors d’une expérience menée dans une simulation de sol martien, Chroo n’a pas seulement survécu. Elle a continué à fonctionner, à réparer son ADN, et à rester active, comme si de rien n’était. C’est cette robustesse qui la rend si précieuse pour envisager une colonisation humaine sur Mars.
Une photosynthèse possible avec la lumière infrarouge : vers une vie martienne autonome ?
Mais ce n’est pas tout. Chroo ne fait pas que survivre. Elle produit de l’oxygène. Et elle peut le faire même sous une lumière infrarouge, comme celle que l’on retrouve autour des étoiles naines M, très communes dans notre galaxie.
Cela signifie qu’elle pourrait jouer un rôle central dans la création d’environnements respirables sur Mars ou dans d’éventuelles bases spatiales. Mieux : même sur des exoplanètes lointaines, cette bactérie pourrait être utilisée pour transformer l’atmosphère locale.
La chercheuse Daniela Billi, de l’Université de Rome, explique que cette photosynthèse exotique, couplée à la capacité de Chroo à exploiter les nutriments minéraux du sol, ouvre la voie à des applications très concrètes : systèmes de production d’oxygène autonomes, capables de fonctionner avec les ressources sur place.
Une technologie bio-inspirée pour soutenir les missions vers Mars et au-delà
Cette vision s’inscrit dans un concept de plus en plus étudié : l’ISRU, ou Utilisation de Ressources In-Situ. Plutôt que de tout transporter depuis la Terre, pourquoi ne pas utiliser ce que l’on trouve sur place ? C’est là que des cyanobactéries comme Chroo entrent en jeu.
Capables de fixer le carbone, de produire de l’oxygène, et de survivre en milieu hostile, elles pourraient devenir le cœur biologique de futurs systèmes de survie. En particulier sur Mars, où le dioxyde de carbone est abondant mais l’oxygène totalement absent.
Inspirés par ces résultats, les chercheurs envisagent déjà de développer des modules biologiques embarquant ces micro-organismes pour soutenir des vols habités longue durée, et même construire les premiers avant-postes martiens autonomes.
Une alliée microscopique mais décisive pour l’avenir de l’exploration spatiale
Il est encore trop tôt pour envoyer Chroococcidiopsis sur Mars. Mais ses performances en laboratoire, dans des conditions simulant la planète rouge, sont plus que prometteuses.
Tandis que les agences spatiales se préparent à des missions vers la Lune et Mars, les découvertes autour de cette cyanobactérie pourraient bien changer la donne. Grâce à elle, la production locale d’oxygène et la création de micro-environnements viables ne sont plus un rêve de science-fiction, mais un objectif atteignable.
Comme souvent, la clé d’une révolution pourrait tenir dans une cellule microscopique. Et dans ce cas, Chroo pourrait devenir l’un des piliers biologiques de la conquête spatiale.
Par Eric Rafidiarimanana, le