Pour la première fois, une équipe de chercheurs de l’Inserm a mis en évidence la présence de mitochondries complètes et fonctionnelles dans la circulation sanguine. Une découverte qui pourrait ouvrir la voie à de nouvelles pistes thérapeutiques prometteuses.
Une découverte importante
Indispensables à la respiration cellulaire, les mitochondries sont des organites se trouvant à l’intérieur des cellules eucaryotes (possédant un noyau structuré), qui jouent un rôle majeur dans le métabolisme énergétique. Celles-ci ont par ailleurs la particularité de posséder leur propre génome, transmis exclusivement par la mère et différent de l’ADN contenu dans le noyau. Jusqu’à récemment, les chercheurs n’avaient observé des mitochondries dans l’espace extracellulaire qu’à de très rares reprises, mais les travaux menés par une équipe de chercheurs de l’Inserm viennent bouleverser nos connaissances au sujet de cet organite.
S’appuyant sur des résultats antérieurs montrant que le plasma sanguin d’un individu sain contenait jusqu’à 50 000 fois plus d’ADN mitochondrial que d’ADN nucléaire, les chercheurs ont émis l’hypothèse que pour que l’ADN mitochondrial soit décelable et quantifiable dans le sang, il devait être protégé par une structure stable. Les analyses effectuées sur une centaine d’échantillons de plasma sanguin ont révélé la présence de structures hautement stables contenant des génomes mitochondriaux complets dans la circulation sanguine.
Suite à l’examen de leur densité, de leur taille et de l’intégrité de l’ADN mitochondrial qu’elles contenaient, ces structures se sont avérées être des mitochondries intactes et fonctionnelles.
Le rôle essentiel des mitochondries extracellulaires
« Lorsque l’on considère le nombre élevé de mitochondries extracellulaires que nous avons trouvées dans le sang, on peut se demander pourquoi cela n’a pas été découvert auparavant », estime Alain R. Thierry, ayant supervisé ces travaux présentés dans The FASEB Journal. Selon les chercheurs, le rôle joué par les mitochondries extracellulaires pourrait être lié à la structure de l’ADN mitochondrial, semblable à celle de l’ADN bactérien, lui conférant la capacité de provoquer des réponses immunitaires et inflammatoires.
Les chercheurs pensent que ces mitochondries circulantes pourraient être impliquées dans un grand nombre de processus physiologiques et/ou pathologiques nécessitant une communication entre les cellules, et ainsi effectuer plusieurs tâches en tant que messager pour l’ensemble de l’organisme. Une piste s’appuyant sur de récentes recherches ayant démontré la capacité de certaines cellules à échanger des mitochondries entre elles, une interaction notamment observée entre cellules souches et cellules endommagées.
Revêtant une importance particulière dans le domaine de la physiologie, la découverte de cellules de mitochondries extracellulaires fonctionnelles circulant dans le sang pourrait permettre d’affiner le diagnostic, le suivi et le traitement de certaines maladies. Les chercheurs de l’Inserm entendent désormais se concentrer sur l’évaluation de ces organites en tant que biomarqueurs dans le diagnostic prénatal non invasif et le cancer.
Par Yann Contegat, le
Source: Inserm
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