À travers le monde, les glaciers fondent de plus en plus en raison du changement climatique. En Norvège, la fonte des glaces a d’ailleurs révélé des centaines d’artéfacts de l’ère Viking datant de près d’un millier d’années. Ces reliques ont été retrouvées au niveau d’une ancienne route du col de la montagne de Lomseggen.
Des centaines d’artéfacts de l’ère Viking découverts
Les glaciers du monde fondent de plus en plus en raison du réchauffement climatique. Une étude de 2019 a d’ailleurs révélé que près de 390 milliards de tonnes de glace et de neige fondent chaque année. Un phénomène planétaire des plus dramatiques qui permet tout de même ironiquement de révéler certains trésors archéologiques.
La glace fond dangereusement au niveau du massif du Jotunheimen, situé au sud-ouest de la Norvège. Alors qu’ils menaient une expédition, des archéologues ont eu la chance de découvrir des centaines d’artéfacts de l’ère Viking datant de plus d’un millénaire.
Cette expédition a débuté en 2011, année au cours de laquelle l’été a été particulièrement chaud et a accéléré la fonte des glaces en Norvège, comme l’a rapporté l’archéologue Lars Holger Pilø. Une étude qui a été menée à 1 900 mètres d’altitude au niveau de la plaque glaciaire de Lendbreen, située dans la montagne de Lomseggen. Un lieu qui n’était pas choisi par hasard, sachant que divers artéfacts, dont des morceaux de lance, y avaient déjà été découverts. Des découverts qui ont été encore plus impressionnantes. Les archéologues ont effectivement découvert un sol entièrement jonché d’objets et de déjections de chevaux.
« Nous avons réalisé que nous étions tombés sur quelque chose de très spécial. Grâce aux efforts de l’équipe, nous avons pu terminer le travail à temps« , a expliqué au National Geographic Lars Holger Pilø qui a également dirigé le Programme archéologique des glaciers de Oppland.
« Mais il s’est avéré que ce travail de terrain effréné ne constituait que la début. La plaque de glace de Lendbreen a continué de fondre les années suivantes et davantage d’artéfacts ont émergé de la glace« , a également rapporté Lars Holger Pilø dans une publication. Ces archéologues sont donc retournés dans cette zone chaque année entre 2011 et 2015 puis entre 2018 et 2019. Ils ont à chaque fois découvert des dizaines de reliques oubliées.
Des objets extrêmement bien conservés dans la glace
Dans une étude publiée dans la revue Antiquity, les archéologues ont détaillé le contenu de leur étude. Ce millier d’artéfacts en tout genre a été révélé sur une surface de 250 000 mètres carrés. Parmi eux, ils ont notamment trouvé des vêtements, des chaussures, des flèches, des morceaux d’attelage et des fers à cheval.
Ces reliques sont extrêmement bien conservés grâce à la glace. Il a donc été plus simple pour les archéologues de déterminer leur origine et leur âge. Selon, ces artéfacts remontent à diverses périodes entre 300 et 1 500 après Jésus-Christ. La plupart d’entre eux semblent au contraire dater d’il y a près de 1 000 ans, sous l’ère Viking.
De nouvelles informations sur les activités humaines réalisées à cette époque
Ces découvertes ont de surcroît permis aux archéologues d’en apprendre davantage sur les activités humaines réalisées dans cette zone. Elles ont donc dévoilé qu’il s’agissait d’un passage fortement emprunté dès le IVe siècle par de nombreuses populations qui passaient ensuite des vallées de la rivière Otta aux pâturages en altitude. « Cette date correspond bien à ce que nous connaissons de l’activité humaine dans les environs. L’impact humain sur le paysage, dans les vallées comme dans les montagnes, a augmenté autour de cette période. L’utilisation de ce passage est donc liée à l’activité économique accrue dans la région« , a expliqué Lars Holger Pilø.
Cette zone était donc particulièrement fréquentée au cours de l’ère Viking. Lendbreen était donc une importante route plus qu’un simple lieu de passage, comme en témoignent les ossements de chevaux et les fers à cheval ou encore les cairns, autrement dit des amas artificiels de pierre, qui devaient probablement servir aux voyageurs, comme le suggère l’archéologue.
En outre, ces découvertes ont permis aux archéologues de connaître le type de marchandises transportées le long de cette route. Ils ont effectivement trouvé des branchages ayant surement été utilisés pour le fourrage du bétail et de la laine. Les artéfacts témoignent également des activités de cette période. La découverte la plus récente est d’ailleurs celle d’un crâne de cheval datant d’environ 1 700.
Néanmoins, du XIIe au XIIIe siècle, cette route aurait été bien moins empruntée, notamment en raison de l’épidémie de peste noire qui a entraîné une baisse importante des activités humaines dans de multiples montagnes.
En 2019, « la fonte a atteint des couches de glace qu’elle n’avait encore jamais touchées«
En automne 2019, les archéologues avaient également constaté que Lendbreen n’avait pas révélé l’intégralité de ses reliques. Cette zone avait effectivement vécu un autre épisode de font qui avait « atteint des couches de glace qui n’avaient encore jamais été touchées (…) Presque toute la glace remontant à l’époque où la route était utilisée a disparu« , a expliqué Lars Holger Pilø.
Cette fonte a alors permis de mettre au jour des restes d’un squelette de cheval et d’ossements d’un chien. « Les découvertes de 2019 n’ont pas été datées mais nous pensons qu’elles remontent à la principale période d’utilisation de la route. La fonte de 2019 était probablement le chant du cygne de Lendbreen. La glace contenant les restes de cette route de montagne oubliée a sans doute disparu maintenant. Mais alors que les températures continuent de grimper, la fonte révélera d’autres sites« , conclut l’archéologue.
Par Cécile Breton, le
Source: Geo
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