Ah Peter Molyneux, voila bien un grand nom du jeu vidéo. Hélas, c’est également un des créateurs les plus polémiques : tantôt associé à de prestigieux titres comme Populous ou Black and White, tantôt associé à des déceptions comme Fable, le créateur doit sa réputation ambiguë à sa tendance à s’emporter sur les promesses au sujet de ses jeux en développement. Nous avons donc décidé de revenir sur les plus grosses déceptions que ce créateur, pourtant talentueux, nous a fait vivre. Flashback !
Fable
Premier de liste, et également le plus connu, Fable est un bon RPG. Très sympathique, plutôt innovant pour l’époque, il avait tout pour être un succès et bien démarrer une bonne franchise. Oui, mais voilà, Peter Molyneux nous a présenté son jeu de bien trop belle manière : le personnage pouvait faire des enfants, prendre du poids, se muscler en utilisant une épée, les objets devaient gagner en statistiques plus on les utilisait, le monde devait évoluer de manière autonome en réagissant aux actions du joueur, les PNJ devaient vieillir, grandir et mourir. Eh bien finalement, non. Toutes ces fonctionnalités n’ont jamais été ajoutées, ni même dans les suites…
The Movies
Grand inconnu tant ce jeu a fait un flop monumental, il proposait de gérer un studio de cinéma et de créer ses propres films avec des acteurs et des décors totalement virtuels. Comme à son habitude, Molyneux s’étale en promesses : vous pourrez produire des films presque professionnels, les meilleurs d’entre eux seraient présentés en festival, le meilleur aura même droit à une adaptation en live. Hélas, le jeu nous permet certes de créer nos films, mais les jeux d’acteurs sont effroyables et les possibilités limitées, et bien sûr, aucune adaptation ou présentation en festival n’a jamais eu lieu.
Curiosity : What’s Inside the Cube ?
Ce n’est pas vraiment un jeu, c’est une expérience sociale au concept intrigant : dans une unique pièce blanche repose un cube composé de plus de 68 milliards de cubes. Chaque joueur doit gratter chacun des cubes extérieurs dans le but de découvrir le cube central. Molyneux promettra entre autres que la récompense pour le joueur qui finira par atteindre le centre sera exceptionnelle et changera sa vie à jamais. Appâtés par une telle promesse, les joueurs seront des millions à tenter d’atteindre le centre, et lorsque ce fut fait, l’heureux gagnant, répondant au nom de Bryan Henderson, se voit offrir la possibilité d’être le nouveau Dieu du prochain God-Game de Molyneux, Godus, ainsi qu’un pourcentage des gains sur ce dernier. Malheureusement, Godus ne sera jamais fini et l’argent n’est jamais arrivé sur le compte de ce pauvre Henderson.
Godus
Enfin, voici la dernière déception, et une des plus graves engendrées par les promesses de Peter Molyneux : Godus. Lorsque Molyneux débarque sur Kickstarter pour promettre de produire un God-Game, genre qu’il a quasiment inventé à lui tout seul, révolutionnaire, beaucoup ont eu envie de le croire, car il avait largement la capacité de tenir ses promesses. Il récoltera pas moins de 700 000 € et se mettra à la tâche. Mais les déceptions s’enchainent : alors que le jeu devait arriver en premier dans les mains des backers, il débarquera en premier sur Steam en early-access. Puis, alors que le développement prend du retard et semble stagner, il débarquera sans être prévu sur IOs, en free-to-play, ou plutôt en pay-to-win. Mais cela ne s’arrête pas là : Bryan Henderson, le gagnant de Curiosity, est totalement ignoré, malgré les relances qu’il envoie régulièrement, le studio annonce qu’il n’y aura ni multi, ni version linux, malgré les promesses faites sur kickstarter, puis énormément de lots kickstarter ne seront jamais envoyés. Au final, de nombreux développeurs quitteront le studio sans être remplacés, et Godus semble ne jamais devoir être fini.
Il est bien regrettable qu’un créateur du calibre de Peter Molyneux, qui a su autrefois nous éblouir avec des jeux comme Populous ou Black and White, se soit ainsi enfoncé dans un cercle vicieux de promesses non tenues et de déceptions. Aujourd’hui, elles sont même devenues une private joke entre gamers, voire, beaucoup plus grave, un objet de haine à l’encontre du créateur, qui a essuyé des menaces anonymes contre lui et sa famille. On espère de tout coeur qu’il nous proposera enfin un jeu à la hauteur de son immense talent. Et vous, seriez-vous prêt à pardonner à Peter Molyneux ou ces déceptions à répétition vous ont-elles dégoûté ?
Par Abdelkader Becir, le