Les dauphins présents dans le fleuve d’Amazonie sont en danger d’après certains scientifiques. Le problème ? Le recensement de la population s’avère compliqué. Les données sont insuffisantes pour tenter de mettre une « protection » sur ces espèces. Des scientifiques utilisent la technologie du drone pour étoffer les données et leur offrir une possibilité de bénéficier d’un nouveau statut plus protecteur.
Le drone au service des scientifiques pour la préservation des dauphins
La technologie peut avoir du bon. C’est le cas ici pour les dauphins du fleuve d’Amazonie. Les drones utilisés par les scientifiques permettent de recenser la population de dauphins roses de cette région d’Amérique du Sud.
Les batteries des drones sont certes faibles, mais les recenseurs ont une organisation rigoureuse. Ils utilisent le drone, puis le ramènent sur le bateau afin de changer la batterie et le faire voler à nouveau. Ainsi, des vidéos sont enregistrées au service des scientifiques. Elles sont ensuite examinées pour s’assurer de la présence des deux espèces de dauphins : le Boto rose bulbeux et le petit Tucuxi.
Les scientifiques peuvent alors savoir combien de dauphins sont présents dans le fleuve, du moins une partie. Actuellement ces données sont très floues. Les études actuelles montrent toutefois une présence moins importante des dauphins dans ces zones, notamment les dauphins roses. Les deux espèces ne sont pas classées par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) car les données sont actuellement « insuffisantes ».
Des nouvelles données lentes à avoir
Le drone permet de chiffrer le nombre de dauphins, mais cela reste toutefois une technique assez lente. Les scientifiques gardent toujours l’espoir, comme les chercheurs de l’Institut Mamirauá, dans la ville de Tefé en Amazonie. Ils sont associés à WWF Brésil pour mener à bien cette mission à l’aide d’images aériennes de la rivière.
« Nous devons tout baser sur les données concrètes et sur la science » explique Miriam Marmontel, une scientifique de l’institut. Elle pense que le fleuve comptabilise 10 000 dauphins roses, mais le nombre réel n’est pas encore déterminé : il pourrait s’élever jusqu’à 100 000.
Elle poursuit : « Ces données se développent lentement. C’est effrayant parce qu’il y a beaucoup de travail et vous ne pouvez rien dire. Nous devons nous concentrer sur ce qui est vraiment essentiel pour nous aider à atteindre un véritable statut qui peut influencer les politiques. Nous avons besoin de chiffres, nous avons besoin d’informations sur la mortalité et la reproduction. Ce sont des éléments cruciaux. »
Un tas de préoccupations chez les scientifiques
Les cétacés restent parfois coincés dans les filets de pêcheurs locaux. Les dauphins roses sont souvent retrouvés morts dans le lac, leur corps flottant à la surface, recouvert de cicatrices provoquées par les fils. Les scientifiques cherchent à informer les pêcheurs pour empêcher cela, mais ces derniers utilisent les dauphins pour nourrir une espèce de poisson qui en raffole.
Une autre préoccupation s’ajoute à la liste : le mercure. Cet élément chimique extrait de l’or contamine le lac, et par extension les dauphins et autres poissons qui y résident. Alors que les scientifiques cherchent à protéger les dauphins, le gouvernement brésilien souhaite construire des barrages dans le bassin : 140 sont déjà construits ou en cours de construction, et 428 autres sont prévus pour les années à venir. Ces barrages représentent un obstacle pour la population de dauphins : ils peuvent être infranchissables et devenir une barrière pour les dauphins et leur diversité génétique.
Toutes ces raisons poussent les scientifiques à mener rapidement leur mission de recensement pour convaincre l’UICN de la menace qui pèse sur les dauphins. Ils espèrent ainsi pouvoir les inscrire comme animaux marins « vulnérables » et « en danger ». Des chercheurs de Colombie, de Bolivie et du Pérou se sont réunis pour lutter protéger ces dauphins le plus rapidement.
Par Bérengère Condemine, le
Source: The Guardian
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