Le Dark Web, c’est ce réseau secret entièrement crypté dont les pages ne sont référencées par aucun moteur de recherche courant : la face cachée du web notamment utilisée à des fins illégales et criminelles. Seulement accessible en utilisant un logiciel spécial, il représente un véritable casse-tête pour les différents gouvernements souhaitant appréhender les criminels qui y sévissent. Comment fonctionne-t-il ? D’où vient-il ? Qu’y trouve-t-on ? On vous explique tout.
Qu’est-ce que le Dark Web ?
L’Internet est en réalité composé de trois couches distinctes : le Web de surface, le Deep Web et le Dark Web. La première est la partie accessible à tous depuis n’importe quel navigateur, dont les pages sont archivées par les moteurs de recherche courants comme Google. La seconde est constituée des pages web cachées et protégées par mots de passe auxquelles les moteurs de recherche courants n’accèdent pas, comme les sites intranet, et les différents comptes en ligne que vous possédez (sites de vente en ligne, banques, mailing, etc.).
UN NAVIGATEUR SPÉCIAL EST INDISPENSABLE POUR ACCÉDER A CETTE PARTIE DU WEB
A la différence des deux premières couches, les pages du Dark Web ne sont pas accessibles en utilisant un navigateur courant comme Google Chrome ou Firefox. Il s’agit d’un réseau crypté et quasi intraçable qui héberge des sites de natures très différentes, censé garantir à ses utilisateurs un anonymat total. Pour y accéder, il vous faut disposer d’un navigateur spécial, entièrement paramétré et configuré pour évoluer dans les eaux troubles de cette partie du net.
D’où vient exactement le Dark Web ?
A l’origine, le Dark Web avait été créé par le gouvernement américain afin de permettre à ses espions d’échanger des informations sensibles et confidentielles sur la toile de façon entièrement anonyme. Dès le milieu des années 90, les ingénieurs de l’US Army responsables de cette technologie plus connue sous le nom de Tor (signifiant The Onion Router) la plaçaient dans le domaine public, afin que n’importe quel internaute averti puisse en faire usage.
A cela une raison toute simple : pouvoir noyer les messages confidentiels des espions du gouvernement américain au milieu des milliers d’autres échangés par les internautes à des fins bien différentes. Grâce à son système de routage « en oignon », Tor rend les sites du réseau entièrement anonymes en utilisant différentes couches de cryptage, et cette technologie fait rapidement de nombreux adeptes, pour le meilleur… et pour le pire. On estime aujourd’hui qu’il hébergerait plus de 30.000 sites cachés.
Comment fonctionne le Dark Web ?
Imaginez une seconde que l’Internet pris dans sa globalité s’apparente à une forêt dense s’étalant à perte de vue, parcourue par de nombreux sentiers vous permettant de vous rendre d’un point A à un point B. Ces sentiers, ce sont les moteurs de recherche les plus populaires que vous utilisez couramment pour explorer le web, qui balisent votre parcours et vous permettent d’accéder aux sites de votre choix. Mais si par mégarde vous vous en écartez, la végétation dense masque alors votre vision.
HORS DES SENTIERS BALISÉS, LA FACE CACHÉE DU WEB S’AVÈRE PRESQUE IMPÉNÉTRABLE
Hors de ces sentiers bien balisés, il devient quasiment impossible de trouver quoi que ce soit… à moins de savoir exactement quoi chercher. En résumé, il s’agit d’une chasse au trésor qui nécessite un sésame (Tor) pour pouvoir être menée à bien, et c’est précisément ainsi que fonctionne le Dark Web. Semblable à cette forêt dense, la face cachée du web s’avère presque impénétrable, en masquant les actions et les identités de ses utilisateurs, et en empêchant leur localisation.
Qui utilise le Dark Web et à quelles fins ?
Le Dark Web est utilisé depuis sa création à des fins extrêmement diverses, mais l’anonymat et la confidentialité qu’il garantit l’ont rapidement transformé en véritable havre pour les activités illégales et criminelles. En première ligne, on retrouve la pédopornographie, les marchés noirs où se monnayent informations confidentielles, drogues et armes, mais aussi les opérations financières frauduleuses, l’extrémisme et le terrorisme. Et si ces sites sont régulièrement désactivés par la police et leurs administrateurs arrêtés, d’autres ne tardent pas à prendre leur place.
IL PERMET AUSSI DE CONTOURNER LA CENSURE DANS CERTAINS PAYS
Cependant, le Dark Web est aussi utilisé à des fins plus positives. Il permet par exemple aux internautes chinois de contourner la censure mise en place par leur gouvernement qui les empêche d’accéder à de nombreux sites occidentaux, et est également utilisé par des sites tels que Wikileaks afin de garantir l’anonymat des internautes lorsqu’ils mettent en ligne des documents confidentiels sur leurs plateformes.
Comment s’organise la lutte contre les cybercriminels ?
Si la conception même du Dark Web complique grandement la tâche des autorités luttant contre la cybercriminalité, plusieurs gouvernements ont décidé d’unir leurs forces afin d’indexer un maximum de sites frauduleux. De nombreux pays européens possèdent d’ailleurs leurs propres unités spécialisées, chargées de démanteler les forums et les sites proposant du contenu pédopornographique ou des services illégaux.
En diffusant des virus et malwares sur le réseau, ces unités sont capables de remonter peu à peu la piste des cybercriminels, mais comme ces derniers utilisent bien souvent des monnaies virtuelles intraçables comme le bitcoin lorsqu’ils effectuent des transactions, l’identification et l’arrestation des suspects restent extrêmement compliquées.
LE DERNIER VÉRITABLE ESPACE DE LIBERTÉ DU NET, POUR LE MEILLEUR ET POUR LE PIRE
L’anonymat conféré par l’utilisation du Dark Web fait de lui le dernier véritable espace de liberté en ligne, avec toutes les dérives qu’un tel statut implique. Et s’il permet par exemple aux internautes de contourner la censure et de s’exprimer plus librement, il est malheureusement largement gangrené par les activités illégales et criminelles, qui profitent de son puissant cryptage pour prospérer, bien que la lutte coordonnée contre la cybercriminalité s’organise désormais à l’échelle mondiale.