Récemment, un groupe de biologistes a appelé à arrêter immédiatement la technologie de la « vie miroir ». Selon eux, elle est si dangereuse qu’elle pourrait bouleverser l’ordre même de la vie sur Terre, voire l’anéantir. Explications.
Dans un rapport technique, ces scientifiques ont décrit les risques terriblement existentiels posés par ce qu’on appelle la « vie miroir » : des organismes synthétiques dont les structures d’ADN sont une image miroir de celles de tous les organismes naturels connus.
Il faudra possiblement attendre quelques décennies avant que les formes de vie miroir ne soient découvertes. Mais selon les biologistes, le risque qu’elles représentent est extrêmement sérieux. « Les conséquences pourraient être désastreuses à l’échelle mondiale », a déclaré au New York Times Jack W. Szostak, co-auteur du rapport et chimiste lauréat du prix Nobel à l’université de Chicago.
Ces chercheurs expliquent également que ces cellules miroirs pourraient avoir des applications médicales incroyables. Des scientifiques ont déjà forgé des protéines miroirs et ont découvert qu’elles sont beaucoup plus résistantes que les protéines naturelles, car les enzymes conçues pour les décomposer ne peuvent pas s’y lier. Cela pourrait constituer une avancée dans le traitement des maladies chroniques, car de nombreux médicaments thérapeutiques sont dégradés trop rapidement pour avoir un effet durable sans en prendre davantage.
Cependant, le problème est que les organismes miroirs pourraient agir de manière imprévisible lors de leurs interactions avec les cellules naturelles. Nous ne savons pas ce qui se passerait si la vie miroir entrait en conflit avec la nôtre. « À moins que des preuves convaincantes n’émergent que la vie miroir ne présente pas de dangers extraordinaires, nous pensons que les bactéries miroirs et autres organismes miroirs, même ceux dotés de mesures de confinement biologique artificielles, ne devraient pas être créés », ont écrit les auteurs du rapport dans une lettre d’accompagnement publiée dans Science. « Nous recommandons donc que les recherches visant à créer des bactéries miroirs ne soient pas autorisées et que les bailleurs de fonds indiquent clairement qu’ils ne soutiendront pas de tels travaux. »
Pour aller plus loin, sachez que les « gènes sombres » cachés dans l’ADN humain viennent d’être découverts.