Dakar, capitale du Sénégal, fait actuellement face à une situation des plus critiques : des milliers d’habitants sont assoiffés et manquent cruellement de ressources en eau potable. De nombreux quartiers sont également fortement touchés par des pénuries d’eau courante. Une situation d’autant plus critique en cette période de coronavirus et de chaleurs élevées.
Un manque cruel d’eau potable
Si les pénuries d’eau sont fréquentes et frappent des milliers de foyers depuis plusieurs années à Dakar, la situation est actuellement particulièrement critique : les habitants sont assoiffés et manquent cruellement d’eau. De nombreux clichés partagés sur les réseaux sociaux montrent notamment des femmes portant de multiplient contenants et bouchant la capitale afin de protester.
Dans le quartier de Yeumbeul, des pompes à eau ont été installées au pied des immeubles. Nombreux sont ceux qui viennent y remplir leurs récipients afin de pouvoir faire le ménage, laver leurs vêtements ou simplement cuisiner. “Mais je ne peux pas boire cette eau qui n’est pas potable. J’attends la nuit pour espérer avoir de l’eau qui coule du robinet”, a néanmoins témoigné Mimouna Fall, mère de famille. “Avant, on avait de l’eau à partir de 20 heures. Maintenant, on doit attendre 1 ou 2 heures du matin. Regardez mes cernes, je mets un réveil en pleine nuit pour remplir quatre bidons de 10 litres. Cela me prend deux heures tellement la pression est basse. Comment faire en pleine crise de coronavirus pour se laver les mains, alors que les chaleurs arrivent ? L’eau est une source vitale, c’est un besoin primaire auquel nous avons droit. Je ne me souviens même plus quand l’eau est sortie du robinet de ma cuisine. Le problème est structurel et national”, a expliqué à son tour un habitant du même quartier, Papa Mbodj, père d’un enfant de 9 mois.
Un fort impact économique
Cette situation dramatique a de surcroît un fort impact économique pour de nombreux individus. Cela est notamment le cas de Aly Kan, agent immobilier à Comico Yeumbel, qui a témoigné auprès du journal Le Monde : “Je dois investir moi-même 500 000 francs CFA[environ 760 euros] dans des surpresseurs d’eau pour faire face au manque de pression. Une somme énorme alors que le manque d’eau fait baisser les prix de la location.[J’espère toujours un] miracle : voir un jour l’eau couler au premier étage de mes immeubles.”
Depuis le 1er janvier 2020, la société Sen’Eau, du groupe français Suez, est à la tête de la gestion de l’eau potable en zone urbaine et périurbaine au Sénégal, et ce, pour les quinze prochaines années. Dans un tel contexte, elle a fait face à de nombreuses critiques, auxquelles elle a souhaité répondre auprès du Monde : “Nous avons connu une tempête le week-end du 13 et 14 juin qui a endommagé certains ouvrages de production et les a privés d’énergie électrique. Aujourd’hui, 100 % de l’eau produite est consommée. Il suffit alors d’une panne sur un ouvrage pour engendrer des manques d’eau. Des équipes sont intervenues immédiatement et la situation revient progressivement à la normale depuis quelques jours.” Selon la société, les pénuries peuvent aussi être liées à l’augmentation de la population, l’urbanisation et la hausse de la consommation en hiver et lors des périodes de fortes chaleurs.
Vers une usine de dessalement d’ici 2024 ?
“Il est impératif de mobiliser l’expertise technique et les ressources financières pour assurer le fonctionnement optimal des infrastructures hydrauliques implantées sur l’ensemble du territoire national. [Il faut que le ministre de l’Eau et de l’Assainissement finalise] la réalisation des grands projets d’hydraulique urbaine en cours”, a également été rappelé le 17 juin dernier à l’occasion du Conseil des ministres par Macky Sall, président du Sénégal.
Par ailleurs, il faut savoir que 13 % des foyers sénégalais ont seulement accès à un puits non protégé, soit une eau non potable. En milieu urbain, environ 20 % des ménages n’ont pas accès à un raccordement domestique dans leur logement.
Afin de faire face à toutes ces problématiques, la société Sen’Eau a annoncé avoir mis en place des mesures d’urgence avec l’aide de la Société nationale des eaux du Sénégal (SONES). De plus, dès la fin de l’année 2020, “la troisième usine de Keur Momar Sarr”, située à 250 kilomètres de Dakar et dont “les volumes d’eau additionnels vont sensiblement améliorer l’alimentation en eau potable pour les populations”, va être réceptionnée. D’ici 2024, la société espère de surcroît le lancement de l’usine de dessalement qui est en cours de construction dans un des quartiers de Dakar.
Par Cécile Breton, le
Source: Le Monde
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