Lockhart, jeune trader ambitieux, est chargé de se rendre dans un mystérieux centre de soins dans les Alpes suisses où est interné le PDG de son entreprise, pour le ramener d’urgence aux Etats-Unis. Victime d’un accident de la route alors qu’il revenait de l’Institut, il se réveille sous la prise en charge d’un sinistre corps médical qui lui diagnostique le même mal que les autres pensionnaires. Impuissant, il est soumis à l’étrange traitement réservé à l’ensemble des patients : la Cure.
UNE ANGOISSE PERMANENTE
Certains verront en ce film beaucoup de points communs avec Shutter Island en regardant la bande-annonce, d’une part pour l’histoire du personnage central amené à se rendre dans un hôpital glauque pour finalement y rester coincé, mais également pour l’anxiété qu’il suscite. Toutefois, si Martin Scorsese avait réalisé un coup de maître en maîtrisant l’incertitude autour d’un protagoniste déboussolé, et en générant le malaise à chaque apparition de personnages excentriques, le réalisateur Gore Verbinski laisse plus de place à l’horreur. En effet, en abordant des thèmes sordides tels que le viol, l’inceste ou encore le vieillissement en sanatorium, celui qui a pu réaliser entre autres les premiers volets de Pirates des Caraïbes ou encore le premier remake de The Ring, nous plonge sans aucune pudeur dans un cauchemar de 2h30 dont Lockhart n’arrive pas à s’extirper. Un isolement renforcé par les personnages qui l’entourent au vu de son jeune âge.
DES PROTAGONISTES JEUNES ET CHARISMATIQUES
Sans aucune star de renom à l’écran, A Cure for Life peut pourtant se vanter d’avoir su dénicher un casting efficace, qui se marie à merveille à l’ADN malaisant du film. C’est pour dire, la performance de Dan DeHaan dans la peau d’un jeune étudiant torturé dans le film Chronicle n’avait pas dû passer inaperçu. Son regard glaçant et profond dont le miroir laisse entrevoir de manière exacerbée la perversité des atrocités pratiquées par l’Institut, mais également son profil « d’anti-héros », nous permettent une meilleure identification et nous éloignent des clichés propres aux films du genre pour une immersion toute autre. D’autre part, l’innocence déconcertante de la délicieuse Mia Goth dans le rôle d’Hannah et sa complémentarité avec le protagoniste contribuent grandement à la réussite du film et à sa sinistre ambiance.
UN CADRE GLACIAL & UNE PHOTOGRAPHIE SOMPTUEUSE
Grossière erreur que de ne pas regarder ce long-métrage de haute voltige sur grand écran. Une chose est sûre, beaucoup d’eau a dû couler sous les ponts le temps de trouver un cadre aussi lugubre que somptueux. Avec un cadre alpin vertigineux, Gore Verbinski donne une autre dimension aux films d’épouvante, mais surtout un souffle d’air pur dans une atmosphère gothique angoissante de son chef-d’œuvre visuel. Si le sanatorium arbore la façade gothique du château Hohenzollern en Allemagne prés de Stuttgart, son intérieur oppressant est inspiré d’un hôpital allemand désaffecté. Un cadre idyllique qui, associé au talent hors norme du directeur de la photographie Bojan Bazelli, et du compositeur Benjamin Wallfish, contribue grandement à la noirceur et à la beauté du film.