De nouveaux travaux suggèrent qu’un norovirus commun, connu pour être à l’origine de la gastro-entérite, peut déclencher la maladie de Crohn chez les personnes présentant certaines variantes génétiques.
Des facteurs génétiques influençant le développement de la maladie
La maladie de Crohn est une affection inflammatoire chronique généralement diagnostiquée au début de l’âge adulte. Si ses causes demeurent obscures, les chercheurs soupçonnent fortement qu’elle soit déclenchée par une combinaison de facteurs génétiques, environnementaux et microbiens. À l’heure actuelle, plus de 30 variantes génétiques différentes ont été associées à un risque accru de développer l’affection. L’association la plus claire concernant le gène ATG16L1.
Si ce gène a une influence sur les cellules qui tapissent l’intestin, seule une fraction des personnes présentant cette variante ne développent pas la maladie de Crohn. Partant de ce constat, des chercheurs de l’université de New York ont donc cherché à détermienr quels facteurs autres que cette susceptibilité génétique pourraient favoriser l’inflammation intestinale.
Publiés dans la revue Nature, leurs travaux se sont concentrés sur un type de cellules intestinales connues sous le nom de cellules de Paneth. Présentes principalement dans l’intestin grêle, celles-ci sont connues pour sécréter des molécules antimicrobiennes afin de maintenir l’équilibre du microbiote, mais s’avèrent dysfonctionnelles chez les individus porteurs du gène ATG16L1.
Il s’est notamment avéré que, dans les intestins sains présentant la variante ATG16L1, les cellules T immunitaires produisaient une protéine appelée inhibteur d’apoptose 5 (API5), veillant à ce que le système immunitaire n’attaque et ne détruise pas les cellules de Paneth.
Un novovirus impliqué
Des expériences menées sur des souris génétiquement modifiées pour développer la maladie de Crohn ont toutefois révélé que les infections par norovirus empêchaient les cellules T de sécréter l’API5, ce qui entraînait la mort des cellules de Paneth et l’apparition de la maladie de Crohn. L’injection ultérieure d’API5 à des souris en étant atteintes se traduisant par une augmentation de leur taux de survie.
« Notre étude suggère que lorsqu’un norovirus infecte ceux dont la capacité à produire l’inhibiteur de l’apoptose 5 est réduite, il fait pencher la balance vers une maladie auto-immune à part entière », explique Ken Caldwell, co-auteur de l’étude.
Bien que la recherche se soit spécifiquement concentrée sur l’infection à norovirus en tant que déclencheur particulier menant à la perturbation de l’API5 et à la mort des cellules de Paneth, les chercheurs suggèrent que d’autres facteurs pourraient également amorcer cette chaîne d’événements. Il a été constaté que la salmonelle interfère avec la sécrétion de l’API5 et que le tabagisme, facteur de risque connu de la maladie de Crohn, joue également un rôle important.