La bataille de la Somme, l’une des plus sanglantes de la Première Guerre mondiale, est marquée par une erreur cruciale des forces britanniques. Une récente étude, publiée dans le Journal of Conflict Archaeology, plonge dans les détails de cette erreur. Au cœur de cette analyse se trouve le site de la crête de l’Aubépine, qui a marqué le début de la grande offensive de 1916.
La détonation précoce
Les chercheurs ont effectué de nouveaux relevés aériens du cratère massif de la crête de l’Aubépine à l’aide de caméras montées sur des drones. La crête a été détruite en juillet 1916 lorsque des soldats britanniques ont fait exploser plus de 18 000 kg d’explosifs à une vingtaine de mètres sous les lignes allemandes. Dix minutes avant l’heure prévue, l’explosion massive, documentée par le cinéaste de guerre britannique Geoffrey Malins, a averti les Allemands de l’attaque imminente.
La journée du 1er juillet 1916, début de la bataille de la Somme, a marqué la journée la plus sanglante de l’histoire militaire britannique, avec 19 240 hommes tués et 38 230 blessés. De nombreux blessés furent abattus par les Allemands, qui s’étaient empressés de renforcer le cratère avant la poussée de l’infanterie britannique.
L’ingéniosité allemande
Des études pluridisciplinaires ont démontré comment, après avoir obtenu l’accès au site par l’intermédiaire des concierges, les Allemands ont utilisé l’explosion à leur avantage. Les chercheurs ont identifié comment les Allemands ont pu immédiatement utiliser le bord du cratère pour leur ligne de front défensive en creusant deux sections de tranchées établies par les Allemands dans le cratère. Dans le cadre de leur enquête, ils ont également découvert un certain nombre d’artefacts de l’endroit, tels que des fils barbelés et des fils de communication.
Selon le Dr Kris Wisniewski, spécialiste en médecine légale de l’université de Keele, « cette étude scientifique, la première à être réalisée sur ce cratère d’importance historique, était donc à la fois passionnante et importante. Après la détonation initiale, nous avons pu démontrer le contrôle allemand sur le No Man’s Land en prenant des photos à distance d’une éventuelle sève ou d’un tunnel peu profond au nord-ouest du cratère, à l’aide de drones équipés d’appareils photo. »
La deuxième explosion
Vers la fin de l’offensive de la Somme, la Grande-Bretagne a tenté de corriger son erreur en faisant exploser une deuxième mine. Cette détonation, mieux planifiée, a formé un nouveau cratère et a joué un rôle crucial dans la tentative de la 51e division des Highlands de s’emparer de Beaumont Hamel, une ville allemande voisine.
L’épicentre des deux explosions et les limites des cratères subséquents causés par la première et la deuxième explosion, les positions défensives post-explosion et les cratères d’impact des obus alliés ont tous été cartographiés en utilisant une série de méthodes scientifiques, explique M. Wisniewski.
Les découvertes archéologiques
Au cours des recherches, les scientifiques ont fait d’étonnantes découvertes archéologiques, révélant des éléments tangibles de la bataille. Un obus d’artillerie britannique non explosé, doté d’une fusée à retardement intacte, a été découvert, tout comme une boîte de munitions de mitrailleuse Vickers. Les barbelés allemands retrouvés sur le site ont fourni des indices sur la manière dont la région était occupée par les forces adverses.
Le professeur Peter Doyle, historien militaire à l’université Goldsmiths de Londres, a déclaré : « Notre étude apporte de nouvelles preuves de l’existence d’un point fort construit par les Allemands à partir du cratère capturé au milieu du No Man’s Land, ce qui a voué l’attaque britannique à l’échec. »
L’étude approfondie de la bévue britannique à la crête de l’Aubépine révèle la complexité et les conséquences de cette erreur stratégique majeure. La détonation prématurée a non seulement coûté des vies et des ressources, mais elle a également offert aux Allemands une occasion inattendue de renforcer leurs positions.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Source: Cosmos magazine
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