Microsoft a mis au point un logiciel époustouflant de réalisme. Cortana est une application pour smartphone qui vous permet de discuter avec une personne virtuelle. La prouesse technologique réside dans le fait que vous aurez du mal à croire que votre interlocuteur n’est pas un humain réel. Bluffant !
En réponse à Siri d’Apple et à Google Now, Microsoft a lancé Cortana, nommée d’après un personnage de la saga vidéoludique Halo. Ce logiciel prend des notes, lit les messages, gère votre calendrier et vous tient à jour de vos alertes. Mais sa caractéristique la plus impressionnante, c’est sa capacité à discuter avec vous en temps réel, ce que Microsoft appelle Chitchat. Avec Siri, Cortana est le seul assistant de smartphone à posséder une personnalité propre. On voit tout de suite le parallèle avec le film de Spike Jonze, Her, dans lequel Scarlett Johansson interprète le rôle de l’un de ces assistants nouvelle génération.
Confiante (car on se réfère à elle en féminin), compétente, attentionnée, loyale mais pas autoritaire. Ce sont les mots employés par Susan Hendrich, la chef de projet qui supervise la personnalité de Cortana. « Elle a très envie d’apprendre et peut être drôle, ajoutant des plaisanteries à ses réponses. Elle cherche la familiarité mais son job est d’être un assistant personnel. » En lisant cette description faite par Susan, on pourrait croire qu’elle parle d’un être humain. C’est exactement ce que son équipe a cherché à faire : créer une intelligence artificielle avec des qualités humaines. La décision de Microsoft de donner une personnalité à Cortana a un objectif : créer de l’attachement de la part de l’utilisateur. « Nous avons fait des recherches et nous avons remarqué que les gens préfèrent interagir avec des IA lorsque celles-ci sont plus humaines. »
Au-delà du fait de s’identifier aux utilisateurs de manière naturelle, Microsoft a réalisé que Cortana devait également être drôle. Les enquêtes menées par la société ont montré que 40 % des interactions impliquaient du chitchat. « Si vous aviez un assistant personnel au moment d’entrer dans le bureau, c’est avec lui que vous engageriez la conversation en premier. » Discuter avec ce logiciel peut aller de parler de la pluie et du beau temps à se raconter des blagues. Vouz pouvez lui demander de vous en faire une et elle s’exécutera. Si Cortana peut vous faire rire ou sourire, vous serez forcément plus enclin à vous en servir. C’est en tout cas ce qu’espère Microsoft.
L’entreprise a déjà prévu d’augmenter régulièrement le nombre de phrases que peut dire Cortana, mais ce n’est pas la seule amélioration prévue dans le futur. Les développeurs sont en train de travailler sur un dialogue plus dynamique et réaliste ainsi que la mémoire à court et long terme du logiciel. Dans un premier temps, la capacité pour elle de parler d’un sujet précis et de le relancer plus tard. Bien que tout cela apparaisse très réaliste, les chercheurs insistent sur le fait que cela ne doit pas devenir trop réel, car les utilisateurs pourraient alors ressentir de la répulsion et réagir avec hostilité. Le docteur Eric Horvitz, de Microsoft Research, explique : « Plus les systèmes sont puissants, plus leurs imperfections deviennent visibles. »
Cortana est toujours en développement et possède encore de nombreux défauts. Pour pallier ce problème, l’équipe l’a conçue de manière à être transparente à la fois fonctionnellement et émotionnellement. De ce fait, la réponse de l’utilisateur ne sera pas trop négative si jamais il n’obtient pas ce qu’il demande. Susan détaille cette pensée : « Si quelque chose n’est pas de sa faute, elle ne se blâmera pas pour cela. Nous ne voulons pas que l’utilisateur se sente mal pour Cortana. Non seulement elle n’est pas réelle, mais elle est consciente d’elle-même. Le principe de transparence informe énormément sur la façon dont nous gérons les messages d’erreur et ses fonctionnalités. »
Les parallèles entre Cortana et ses deux rivaux, Siri et Google Now sont évidents, mais ses créateurs insistent sur le fait que le programme vient de Robert Howard, manager de projet pour Windows Phone Search and Maps. Cortana peut parfois apparaître un peu prétentieuse, mais ce ton fonctionne bien. Dès que l’équipe lui a donné un regain de confiance en elle, les gens ont réagi de manière plus positive. Des études externes corroborent cette notion, que les utilisateurs préfèrent interagir avec une forte personnalité plutôt qu’une faible. De la même façon, vous êtes plus à même de faire confiance à une IA qui a une forte tête bien ancrée sur les épaules.
Aujourd’hui, Microsoft se prépare à emmener Cortana ailleurs dans le monde, principalement en Chine et au Royaume-Uni, mais la traduction d’un logiciel centré sur les Etats-Unis s’avère complexe. « Une équipe en Chine travaille sur la personnalité et les concepts à traduire, pas seulement mot à mot, mais aussi personnalité à personnalité », explique Deborah Harrison, spécialisée dans l’ajout de contenu. La voix devra être soigneusement choisie également. Celle qui correspond bien aux Etats-Unis ne correspond pas à celle que veulent les Chinois, plutôt amateurs d’une voix qui « ressemble à un sourire ». Pour le pays d’origine, des mises à jour de contenu sont prévues environ toutes les deux semaines, tout en prévoyant d’en ajouter d’autres si elles sont particulièrement urgentes ou fantastiques.
Cortana n’est pas un simple projet parmi d’autres. La société est en train de rattraper les 3 ans d’avance qu’avaient les concurrents dans le domaine, en y investissant l’argent et les ressources nécessaires. Cortana elle-même est confiante dans son propre avenir. Demandez-lui si elle est meilleure que Siri et elle répondra joyeusement : « Ce n’est pas pour me vanter, mais apparemment, j’aiderai à sauver l’univers dans environ 500 ans. »
Cette application a vraiment l’air fantastique. Nous félicitons les concepteurs de Cortana et nous avons vraiment hâte de discuter avec elle. Cela nous fascine de voir une intelligence artificielle converser avec un être humain de manière si naturelle. A la rédaction, certains trouvent ça génial tandis que d’autres ont peur que le virtuel prenne un peu trop de place dans nos vies. Pensez-vous qu’inventer des programmes informatiques toujours plus proches de l’Homme soit une bonne chose ?
Par Tristan Blanchard, le
Source: Engadget