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Le coronavirus « pourrait infecter 60 % de la population mondiale s’il n’est pas maîtrisé »

Les experts recommandent que les autres pays prennent des mesures de confinement similaires à celles adoptées par la Chine

— IHOR SULYATYTSKYY / Shutterstock.com

À l’occasion d’une réunion d’experts de l’OMS organisée à Genève, le professeur Gabriel Leung, épidémiologiste hongkongais réputé, a estimé que l’épidémie de coronavirus pourrait s’étendre à environ deux tiers de la population mondiale si des mesures strictes n’étaient pas rapidement déployées pour la maîtriser.

Un chiffre « terriblement élevé »

Cette déclaration de Leung est intervenue après que le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé que les récents cas de patients atteints par le coronavirus qui n’avaient jamais visité la Chine pourraient représenter la « partie émergée de l’iceberg ». Pour l’épidémiologiste, la question primordiale reste de déterminer la taille et la forme de cet iceberg, sachant que la plupart des experts estiment que chaque personne infectée peut transmettre le virus à 2,5 autres individus, ce qui représente un « taux d’attaque de 60 % à 80 % ». « Soixante pour cent de la population mondiale est un chiffre terriblement élevé », note le scientifique.

Dans un article paru fin janvier dans la revue The Lancet, Leung avait déjà averti que les épidémies allaient probablement « croître de façon exponentielle » dans les villes de Chine, avec un retard d’une à deux semaines seulement par rapport à Wuhan. Le spécialiste avait par ailleurs précisé que « des épidémies indépendantes et autonomes dans les grandes villes du monde entier pourraient devenir inévitables », en raison du mouvement important de personnes infectées mais n’ayant pas encore développé de symptômes, et de l’absence de mesures de santé publique strictes pour enrayer la propagation du virus.

Des mesures de confinement essentielles

« Est-ce que 60 à 80 % de la population mondiale va être infectée ? Peut-être pas. Peut-être que cela se produira par vagues, et que le virus va atténuer sa létalité, car une létalité trop élevée serait susceptible d’entraver sa propagation », estime Leung. « Les mesures prises en Chine sont-elles vraiment efficaces ? Si tel est le cas, combien de temps pouvez-vous fermer une ville entière ? Tenir les gens à l’écart des centres commerciaux ? Et si vous supprimez ces restrictions, l’épidémie va-t-elle reprendre de plus belle ? Ce sont des questions très réelles », ajoute-t-il.

Pour l’instant, Gabriel Leung estime que les mesures de confinement sont essentielles, mais la période durant laquelle des personnes ont été infectées mais n’ont présenté aucun symptôme représente un problème énorme. Par ailleurs, si certains pays à risque en raison des mouvements de population vers et depuis la Chine, comme la Thaïlande, ont mis en place des mesures de quarantaine strictes, d’autres, comme l’Indonésie, semblent, de manière assez inexplicable, n’avoir enregistré aucun cas de coronavirus ces dernières semaines. « Où sont-ils ? », martèle le scientifique.

Bien que le taux de mortalité du coronavirus soit d’environ 1 %, le nombre de morts serait massif si le virus venait à se propager plus largement à l’échelle mondiale. Selon les experts, le monde devrait alors revoir sa stratégie et s’efforcer d’en atténuer les effets plutôt que de tenter de contenir la pandémie.

Par Yann Contegat, le

Source: The Guardian

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