Si la science ne tarit pas de mauvaises nouvelles (réchauffement planétaire continu, accroissement de la montée des eaux, intensification des catastrophes naturelles…), que les États-Unis menacent sans surprise de s’extraire du cadre multilatéral de l’accord de Paris et de réduire drastiquement leur contribution financière au réchauffement climatique, que les incertitudes financières pèsent sur les pays en développement, la session annuelle de la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique (CCNUCC) est l’occasion pour les 196 Etats membres de rester soudés. Ouverte à Bonn en Allemagne le lundi 8 mai, elle sera surtout l’occasion se maintenir la dynamique enclenchée pendant la COP21.
La lueur d’espoir Macron
Alors que l’Europe a plus que jamais besoin d’être unie, l’élection d’Emmanuel Macron comme Président de la République Française apparaît comme un soulagement. « J’ai la conviction que le nouveau président français donnera une impulsion forte [aux négociations sur le climat] », dit la directrice du programme climat World Resources Institute, Paula Caballero. Le sommet du G7, à la fin de mai, sera le premier moment important pour la France d’afficher son leadership. ».
En effet, L’élection présidentielle française offre une « immense occasion d’insuffler de l’énergie dans le processus de discussion », veut croire Simone Borg, au nom de la présidence maltaise de l’Union européenne. A noter que quelques 200 grands investisseurs, représentant 15 milliards de dollars d’actifs, ont invité les gouvernements à agir pour respecter l’Accord de Paris, dans une lettre adressée au G7.
Encadrer et financer les mesures opérationnelles
Bien qu’entré en vigueur en novembre 2016 dans le but de limiter la hausse de la température moyenne « bien en deçà de + 2 °C » , et ratifié à ce jour par 144 États, l’Accord diplomatique de Paris doit maintenant se plier à des mesures opérationnelles.
Ainsi, les pays membres doivent désormais avancer sur le « rule book », soit le manuel de mise en œuvre de l’Accord de Paris, qu’il était convenu de formaliser d’ici à décembre 2018 lors de la COP22, à Marrakech. D’autre part, il s’agit pour les délégués de se mettre d’accord sur le contenu du « dialogue facilitateur » programmé pour 2018, conçu comme un bilan intermédiaire des trajectoires des pays, et dont un bilan mondial est prévu pour 2023.
Un fois les mesures opérationnelles fixées, intervient l’aspect indispensable à la bonne mise en œuvre de l’Accord de Paris : le financement. En effet, l’OCDE annonçait dans une expertise publiée en octobre 2016, que les 67 milliards de dollars annuels d’aide publique qui, par la part variable du secteur privé, pourrait varier entre 77 milliards et 133 milliards de dollars en 2020. À noter qu’en 2009, la promesse des pays développés était de mobiliser au moins 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020 en direction des pays du Sud, fragilisés par le dérèglement climatique. Elle n’est toujours pas honorée.
Les États-Unis reculent
Le monde de la finance est primordial, notamment pour les pays en développement qui manquent cruellement d’argent pour développer leur expertise technique et pour mettre en place les plans d’action. D’où le positionnement problématique de l’administration Trump qui, depuis l’élection du nouveau président, enchaîne les prises de position opposées à l’Accord de Paris, au point d’avoir décidé de diminuer radicalement les contributions financières destinées entre autres à la CCNUCC ou au Fonds Vert pour le climat.
À noter que le fonds a reçu 1 milliard de dollars de l’administration Obama, et devait monter jusqu’à 3 milliards de dollars. Maintenant que la participation des États-Unis est remise en cause, il faut trouver un équilibre pour la préparation et le bon déroulement de la COP23, afin d’appliquer à terme toutes les mesures prises à grande échelle, tant pour les principaux acteurs que pour les pays en développement.
Par Tom Savigny, le
Source: Le Monde
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