Quoi de plus commun que d’aller au cinéma ? Nous avons tous au moins une fois vu un film dans une salle obscure. Et même si ce n’est pas toujours vrai, les règles les plus communément admises sont globalement respectées : rester silencieux, éteindre son téléphone et faire son possible pour ne déranger personne. Mais saviez-vous que cela n’a pas toujours été le cas, et que ça ne l’est toujours pas dans certaines parties du monde ? SooGeek vous fait découvrir des salles de cinéma où l’ambiance n’a jamais été posée !
Aujourd’hui, quand vous allez au cinéma en France, vous vous attendez à vous retrouver dans une salle noire où tout le monde profite en silence du film. Il suffit d’ailleurs de constater notre manque de tolérance à l’égard des personnes bruyantes dans les salles obscures pour constater à quel point ce comportement est ancré en nous : projection en salle de cinéma = calme dans le noir. Pourtant il n’en a pas toujours été ainsi.
À l’origine, le cinématographe des frères Lumière est une invention dont l’intérêt est censé être purement scientifique, et seuls des curieux assistent à la première projection publique en 1896. Seulement, contrairement à la légende largement colportée ensuite, les spectateurs ne se sont pas enfuis en voyant arriver le train en gare de La Ciotat, pour la simple raison que les images projetées animées existaient déjà à l’époque, notamment par le biais des spectacles de lanternes magiques, et qu’un certain public y était déjà habitué.
La tranquillité au cinéma est devenue une norme, et on a souvent des envies de meurtres à l’égard des personnes qui dérogent à la règle :
Rapidement, les projections cinématographiques deviennent une distraction pour la bonne société, et les fameuses vues Lumière sont diffusées dans des salles de spectacle, de revues ou de cafés-théâtres pour un public bourgeois, avec des ambiances feutrées et policées mais forcément silencieuses puisqu’à l’époque aucun son n’accompagne directement les projections, à part celui de la bobine tournant dans l’appareil. Cependant en l’espace de quelques mois le cinéma se répand également dans les fêtes foraines, et rapidement un public plus populaire y a accès sous forme d’attractions.
C’est dans les années 1900 que les premières salles de cinéma spécialement dédiées voient le jour, et elles reprennent la division classique des théâtres avec des gradins réservés à la haute société et une fosse allouée au public plus populaire. Le plus grand cinéma du monde à l’époque, le Gaumont Palace, constitue l’archétype de ce que sont les cinémas d’alors : des lieux hautement sociaux où l’on vient se rencontrer, discuter et manger, et la projection passe presque au second plan.
Contrairement à une croyance largement répandue, les spectateurs du premier film jamais diffusé ne se sont pas enfuis de la salle en voyant le train arriver :
https://www.youtube.com/watch?v=b9MoAQJFn_8
Le comportement des spectateurs ne va commencer à ressembler progressivement à celui que l’on connait actuellement dans nos salles obscures qu’avec une mutation des films : le passage de l’industrie à des longs-métrages. C’est durant la Première Guerre mondiale, et aux États-Unis, que les longs-métrages (soit des films de plus d’une heure) deviennent la norme, alors qu’auparavant la majorité des films n’excédaient pas un quart d’heure.
Avec une durée d’au moins une heure mais souvent supérieure, les films pouvaient se doter d’une véritable intrigue que les spectateurs devaient suivre pour profiter du film, et la musique jouée directement en salle s’est généralisée pour cacher le son de l’appareil de projection et accompagner les images à l’écran. Les salles de cinéma, et le comportement des spectateurs avec elles, ont alors commencé à ressembler un peu plus à ce que nous connaissons actuellement. Et surtout, les projections dans le noir complet sont vraiment devenues la norme.
Cependant c’est également dans les années 1920 que vont également naitre d’autres manières de profiter du cinéma. C’est par exemple le cas des ciné-clubs, dont l’existence va perdurer jusqu’à l’apparition de la VHS et des clubs de location. Le principe du ciné-club est simple : on paie une cotisation et on peut voir un film que l’on a choisi en comité réduit et avec un groupe qui partage les mêmes goûts cinématographiques.
Les drive-in étaient devenus une manière comme une autre de profiter du cinéma dans les années 1970 :
En même temps, les cinémas populaires se dotent de stands de friandises et aux États-Unis le pop-corn devient emblématique des salles de cinéma, une tradition qui finira comme on le sait par traverser l’Atlantique. C’est d’ailleurs toujours aux États-Unis que naissent de nouvelles expérimentations en matière de salles de cinéma, notamment avec les bus servant de salles de cinéma itinérantes ou encore bien sûr, généralisation de la possession de voitures aidant, les fameux drive-in où l’on peut venir regarder un film directement dans sa voiture. Aujourd’hui la plupart de ces cinémas « alternatifs » ont disparu, mais cela n’empêche pas les salles de cinéma de par le monde d’être plus animées qu’elles ne le sont en Europe, comme en Inde par exemple, où les salles de cinéma restent très animées.
On est vraiment impressionné par les différentes manières qu’ont eues (et qu’ont encore !) des gens de profiter des projections en salles de cinéma ! C’est vrai que de nos jours et en Occident on peine à s’imaginer autre chose qu’une salle de cinéma sombre et silencieuse dans laquelle tout le monde profite du spectacle. Aimeriez-vous que les salles de cinéma elles-mêmes soient plus animées ou préférez-vous rester assis dans le noir pour profiter du film ?
Par Romain Berthommier, le