Des chercheurs européens ont récemment détecté du phosphore sur une comète, complétant ainsi la liste des éléments essentiels à la vie et renforçant l’idée que ceux-ci aient été convoyés par ce type d’objet cosmique sur Terre.
La pièce manquante du puzzle
Six éléments chimiques constituent la quasi-totalité des molécules biologiques présentes sur Terre : le carbone, l’hydrogène, l’azote, l’oxygène, le phosphore et le soufre (CHNOPS). Depuis des décennies, les scientifiques tentent d’expliquer les raisons de l’omniprésence de ces éléments sur notre planète, et l’une des principales hypothèses est qu’ils auraient été apportés il y a bien longtemps par des comètes, des astéroïdes ou lors d’impacts avec des proto-planètes.
Il se trouve que les quatre premiers éléments de la liste représentent les principaux constituants des astéroïdes carbonés, le type de roche spatiale le plus courant dans notre voisinage, tandis que le soufre a été détecté lors de l’analyse chimique de la queue gazeuse de la comète 67P, surnommée Tchouri, qui, selon l’Agence spatiale européenne (ESA), dégagerait une odeur âcre d’œuf pourri.
Ne restait plus qu’à identifier la source du phosphore, élément crucial pour la fabrication du composé que nos cellules utilisent afin de stocker et de transférer l’énergie, que de précédentes études avaient décrit comme « relativement rare dans l’Univers », et sans lequel la vie était peu susceptible d’émerger. C’est désormais chose faite, et il s’agit également d’une comète.
Des ions phospore dans les particules de poussière de Tchouri
Pour cette nouvelle étude publiée dans la revue Monthly Notices of the Royal Astronomical Society, les chercheurs de l’université de Turku (Finlande) ont procédé à l’analyse des données récoltées par l’instrument COSIMA embarqué par la sonde Rosetta, qui avait récolté des particules de poussière provenant de la queue de la comète 67P et les avait également photographiées et mesurées à l’aide d’un spectromètre de masse.
Dans ces particules solides, l’équipe a détecté des minéraux contenant des ions phosphore, confortant ainsi l’hypothèse voulant que les comètes soient responsables de l’acheminement de plusieurs des ingrédients nécessaires à la vie sur Terre il y a des milliards d’années. Sachant que certaines recherches avaient également suggéré que ces objets glacés étaient la source d’autres composés essentiels, tels que les acides aminés et l’eau « océanique ».
L’équipe a également détecté du fluor dans la poussière, sous forme d’ions secondaires CF+. Si le rôle exact qu’il joue au sein de l’environnement de la comète reste pour l’instant inconnu, les auteurs de l’étude affirment qu’il s’agit néanmoins d’une découverte surprenante.
Par Yann Contegat, le
Source: University of Turku
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