L’orbite terrestre basse accueille un nombre croissant de satellites et de débris spatiaux. Par conséquent, la probabilité de collisions augmente mécaniquement. De plus, plusieurs travaux scientifiques récents analysent les effets d’une défaillance ou d’une interruption des dispositifs actuels de surveillance et de gestion du trafic orbital.

L’augmentation rapide du nombre de satellites et de débris en orbite basse entraîne une multiplication des rapprochements à très courte distance
L’orbite terrestre basse concentre aujourd’hui plusieurs dizaines de milliers d’objets artificiels en orbite basse. Elle regroupe des satellites opérationnels, des satellites hors service et de nombreux débris spatiaux. Cette accumulation résulte de décennies de lancements. Par conséquent, la densité orbitale dépasse largement celle observée aux débuts de l’ère spatiale.
Les grandes constellations, dont Starlink, regroupent une part importante des satellites actifs actuellement en service. Leur déploiement massif augmente donc la fréquence des rapprochements entre objets. Selon les données de suivi orbital, ces satellites croisent régulièrement d’autres engins spatiaux à moins d’un kilomètre. Parfois, ces situations se produisent à quelques minutes d’intervalle.
Le 13 décembre, un satellite Starlink est passé à environ 200 mètres d’un satellite lancé par la Chine. Aucun impact ne s’est produit. Cependant, des responsables techniques ont communiqué publiquement sur cet événement. Ainsi, cet épisode illustre les contraintes croissantes de la gestion du trafic spatial orbital.
Des modèles scientifiques montrent qu’une défaillance des systèmes de coordination pourrait provoquer une collision majeure en quelques jours
Des chercheurs de l’université de Princeton ont analysé les conséquences d’une défaillance des systèmes de surveillance orbitale actuels. Selon leurs modèles, une interruption prolongée peut conduire rapidement à une collision significative. Ainsi, une première collision pourrait survenir en moins de soixante-douze heures selon les modèles scientifiques. En comparaison, un incident similaire en 2018 avait nécessité plus de 120 jours.
Les chercheurs précisent que le risque principal ne provient pas uniquement de l’impact initial. En effet, chaque collision génère un grand nombre de fragments orbitaux à haute vélocité. Ces débris se déplacent à grande vitesse. Par conséquent, ils augmentent la probabilité de collisions secondaires entre satellites en orbite basse.
Le syndrome de Kessler décrit un mécanisme de collisions en chaîne susceptible de rendre l’orbite basse partiellement inutilisable
Le syndrome de Kessler, formulé dans les années 1970, décrit un scénario théorique de saturation progressive de l’orbite basse. Dans ce cadre, la densité de débris atteint un seuil critique de concentration d’objets spatiaux. Dès lors, chaque collision produit suffisamment de fragments pour déclencher d’autres impacts. Ainsi, le processus devient un phénomène auto-entretenu de collisions successives.
Selon ce modèle, les conséquences concernent l’exploitation opérationnelle et durable de l’orbite terrestre basse. En effet, les opérateurs pourraient limiter ou suspendre les lancements. De plus, les systèmes de télécommunications, de navigation ou d’observation de la Terre deviendraient plus difficiles à maintenir. L’ampleur des effets dépendrait toutefois de la durée du phénomène.
L’absence de gouvernance mondiale unifiée complique la régulation du trafic spatial et la prévention des risques orbitaux
La gestion du trafic spatial repose sur des initiatives nationales et des accords internationaux fragmentés. Elle mobilise aussi des systèmes opérés par des agences civiles ou militaires. Cependant, chaque acteur applique ses propres règles de gestion et de coordination orbitale. Par conséquent, la coordination globale des trajectoires reste limitée.
Contrairement à l’aviation civile ou au transport maritime, aucun organisme international unique ne centralise les données orbitales. Aucun cadre contraignant n’impose non plus des règles communes en temps réel. Ainsi, cette fragmentation complique la prévention coordonnée des incidents dans l’environnement orbital.
Plusieurs solutions techniques et réglementaires font actuellement l’objet d’études au sein des instances spatiales internationales. Les acteurs envisagent notamment de renforcer le suivi des objets orbitaux. Ils développent aussi des capacités de désorbitation en fin de vie. En outre, ils travaillent à l’élaboration de normes communes afin de limiter l’augmentation des débris.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Source: journaldugeek.com
Étiquettes: Débris spatiaux, collisions satellites, trafic spatial, orbite terrestre basse
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