De récentes expériences ont montré que les colibris pouvaient ingérer quotidiennement des quantités insoupçonnées d’alcool, que ces oiseaux élimineraient cependant très rapidement.
Des expériences révélatrices
Pour soutenir leur métabolisme ultra-rapide, les colibris consomment quotidiennement d’importantes quantités de nectar ou d’eau sucrée. Pouvant représenter jusqu’à 80 % de leur masse corporelle, cet apport énergétique essentiel est complété par l’ingestion d’insectes, riches en protéines.
Les levures et bactéries présentes à la surface des fleurs prisées par ces oiseaux fascinants transformant naturellement leur sucre en éthanol, Robert Dudley et ses collègues de l’université de Californie ont mené différentes expériences afin d’estimer la consommation d’alcool journalière des colibris d’Anna (Calypte anna).
Détaillées dans la revue Royal Society Open Science, celles-ci ont impliqué trois spécimens mâles vivant à l’extérieur du laboratoire, qui avaient accès à des récipients d’eau sucrée présentant différentes concentrations d’alcool. Si les quantités consommées s’avéraient similaires à celle de liquide non alcoolisé pour une concentration d’éthanol inférieure ou égale à 1 %, lorsque cette dernière atteignait 2 %, les oiseaux en buvaient moitié moins, impliquant qu’ils ingèrent la même quantité totale d’alcool.
« C’est la première fois que l’on prouve que des oiseaux consomment de l’éthanol dans la ‘nature’ », explique Dudley. « J’emploie ce terme avec prudence, mais le lien avec les fleurs naturelles est évident. »
Une exposition récurrente à l’éthanol
Selon le scientifique, de tels résultats montrent que les oiseaux consommateurs de nectar, comme les autres animaux frugivores, sont tous potentiellement exposés à l’éthanol dans le cadre de leur régime alimentaire.
Pour le colibri, il est cependant peu probable que cette consommation entraîne l’ivresse. « À l’instar des sucres, ils brûlent l’alcool et le métabolisent très rapidement », souligne Dudley.
Dans les mois qui viennent, les chercheurs prévoient de réaliser de nouvelles expériences, afin notamment de déterminer si les oiseaux ont tendance à privilégier les fleurs présentant des concentrations plus importantes d’éthanol.