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Coincés en orbite, les taïkonautes ne peuvent pas compter sur SpaceX à cause des lois et tensions entre USA et Chine

Trois astronautes chinois, appelés taïkonautes, sont actuellement coincés à bord de la station spatiale chinoise Tiangong. Leur capsule de retour présente un doute de sécurité, obligeant la mission Shenzhou 20 à prolonger son séjour au-delà du calendrier initial. Des suggestions ont émergé sur une éventuelle intervention de SpaceX. Mais cette hypothèse s’avère pratiquement impossible pour des raisons autant politiques que techniques.

Elon Musk en combinaison SpaceX à côté d’une image du booster Super Heavy du Starship en plein décollage.
Le fondateur de SpaceX veut réduire les coûts grâce à la réutilisation du Starship et de son booster géant – DailyGeekShow / SpaceX

L’intervention de SpaceX est bloquée par la loi américaine et les tensions diplomatiques

Dans l’imaginaire collectif, la coopération spatiale entre grandes puissances n’est pas inédite. Le film Seul sur Mars en donnait une image très symbolique. Mais dans la réalité, Washington et Pékin sont liés par des restrictions strictes. L’amendement Wolf, en vigueur depuis 2011, interdit toute collaboration directe entre la NASA (et ses contractants) et la Chine, sauf autorisation explicite du Congrès.

Comme SpaceX travaille étroitement avec la NASA, l’entreprise est donc liée à ces contraintes. Cela signifie qu’elle ne peut ni coopérer directement avec la Chine ni lui fournir des technologies sensibles, même dans un scénario d’urgence.

En complément, la réglementation ITAR (International Traffic in Arms Regulations) bloque la vente ou le transfert de technologies aérospatiales à certains pays, dont la Chine. Cela complique encore davantage tout geste technique ou logistique entre SpaceX et la CNSA (agence spatiale chinoise).

Infrastructures incompatibles, technologies non partageables : les freins techniques sont évidents

Même en imaginant un assouplissement temporaire des lois, les contraintes techniques s’accumulent. Les infrastructures de lancement chinoises ne sont pas compatibles avec les lanceurs Falcon 9. Et il n’existe aucun port d’amarrage standardisé entre la station Tiangong et les capsules Crew Dragon.

Les communications, les procédures d’approche et les protocoles de sécurité diffèrent. Il faudrait repenser en urgence une interface technique entière entre deux systèmes totalement étrangers. En outre, SpaceX n’aurait aucun intérêt à exposer sa technologie à des risques d’espionnage industriel, dans un contexte de rivalité technologique très tendue.

Envoyer une capsule américaine depuis le sol chinois ? Mission impossible. Depuis les États-Unis ? Il faudrait que la Chine accepte de voir une société américaine approcher sa station. Ce serait un aveu de difficulté politique difficilement acceptable pour Pékin.

La Chine dispose d’une option nationale plus rapide et stratégiquement acceptable

En attendant, la Chine pourrait lancer rapidement Shenzhou 22 depuis la base de Jiuquan pour récupérer les trois taïkonautes. Cette option de secours interne, totalement autonome, semble bien plus probable qu’une coopération intergouvernementale. Elle permettrait à Pékin de garder le contrôle de la situation tout en préservant son image de puissance spatiale indépendante.

Portraits de trois astronautes chinois en combinaison spatiale, alignés devant un fond bleu, dans le cadre d’une mission vers la station Tiangong.
Trois astronautes chinois en tenue officielle pour une mission à bord de la station spatiale Tiangong – Source CMSA

L’idée d’une aide de SpaceX, même sur le papier, heurte trop de barrières juridiques, techniques et stratégiques. Elle appartient davantage à la fiction qu’au champ des scénarios concrets.

Par Eric Rafidiarimanana, le

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