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Surveillance de masse : la Chine collecte désormais l’ADN de sa population

Le but officiel est de créer une vaste base de données génétique pour retrouver plus facilement les délinquants

La Chine fait un pas de plus vers la surveillance de masse. Cette fois-ci, pas de caméras, d’applications ou d’appels à la délation, mais une vaste collecte d’ADN sur la population masculine. Ceci, dans le but officiel de traquer la délinquance. C’est une société américaine qui apporte son aide à la Chine.

Création d’une vaste base de données génétique

Les autorités chinoises procèdent actuellement à la collecte de données sanguines des populations masculines du pays. Ce sont ainsi 700 millions de Chinois qui vont se retrouver au sein d’une vaste carte génétique visant à lutter contre la délinquance. Cette collecte concerne les hommes adultes mais également les garçons mineurs. Pourquoi uniquement les hommes et les garçons ? Parce que, selon les statistiques, ils sont les plus enclins à commettre des crimes et des délits.

De telles collectes de données existaient déjà, mais elles étaient réservées aux minorités persécutées, comme les Ouïghours, ou aux criminels. Elles sont désormais généralisées à l’ensemble du pays. Ce sont 70 millions d’échantillons qui sont fixés comme objectif par les autorités, soit 10 % de la population, correspondant à 700 millions de Chinois qui verront leur ADN collecté. Il n’est pas nécessaire de collecter les échantillons de tous les hommes et garçons, car l’ADN d’une personne permet de dévoiler l’identité génétique de tous les membres masculins de sa famille.

― Shan_shan / Shutterstock.com

Des craintes réelles de la part des défenseurs des droits humains

La création d’une telle base fait craindre un tour de vis supplémentaire de la part des autorités chinoises, alertent les défenseurs des droits humains. « La possibilité pour les pouvoirs publics de découvrir qui est proche de qui, dans un contexte où des familles entières peuvent être sanctionnées à cause des activités d’un des leurs, fait froid dans le dos à l’ensemble de la société », selon Maya Wang, chercheuse spécialiste de la Chine qui travaille pour l’association Human Rights Watch.

Les autorités chinoises se fondent sur plusieurs affaires, s’étalant sur une trentaine d’années, où la police a enquêté sur les viols et meurtres de 11 femmes et filles, la plus jeune étant âgée de seulement 8 ans. Après avoir collecté plus de 230 000 empreintes digitales et réalisé plus de 100 000 tests ADN, ils ont fini par arrêter un homme, dont les gènes étaient reliés à un autre homme qui avait laissé son ADN sur une des scènes de crime. Cela a conforté les autorités dans leur idée de créer une base de données génétique.

C’est une société américaine, Thermo Fisher Scientific, dont le siège se situe dans le Massachusetts, qui aide la Chine dans la création de sa base de données génétique, faisant l’objet de vives protestations. La police chinoise affirme que les échantillons sanguins ont été donnés en pleine conscience. Toutefois, les observateurs affirment que, dans un état dictatorial, il est pratiquement impossible de dire non, surtout quand les prélèvements se font dans les écoles. Le New York Times rapporte également l’histoire de Jiang Haolin, ingénieur informatique de 31 ans, qui a été contraint de donner un échantillon de sang l’année dernière, sinon lui et sa famille allaient être inscrits sur une liste noire, les privant de certains droits, comme voyager ou se faire soigner. Une vague de contestation inédite apparait déjà contre ce projet.

Par Marine Guichard, le

Source: Courrier International

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