L’étude de l’évolution des pratiques de chasse des humains au cours des 1,5 million d’années écoulées a montré que ceux-ci préféraient chasser les créatures les plus massives de leur environnement, leur offrant les plus grandes quantités de nourriture au prix d’un effort minimal.
Une traque implacable
Récemment publiées dans la revue Quaternary Science Reviews, ces recherches ont mis évidence un déclin continu de la taille des espèces animales chassées par nos ancêtres comme principale source d’alimentation (des éléphants géants il y a 1 à 1,5 million d’années aux gazelles il y a 10 000 ans), ce qui suggère que les premiers humains ont systématiquement chassé les plus grands animaux jusqu’à leur extinction.
Les chercheurs de l’université de Tel-Aviv ont utilisé le sud du Levant (Israël, Palestine, sud-ouest de la Syrie, Jordanie et Liban) comme « laboratoire archéologique » en raison de la densité et de la continuité temporelle des découvertes préhistoriques. En datant et en analysant les ossements appartenant à 83 espèces animales, ceux-ci ont constaté un déclin significatif et continu de la taille des animaux chassés.
« Nos résultats nous permettent de proposer une hypothèse fascinante sur le développement de l’humanité : nous avons toujours préféré chasser les plus grandes créatures disponibles dans notre environnement, jusqu’à ce que celles-ci deviennent très rares ou disparaissent, obligeant les chasseurs préhistoriques à se rabattre sur l’espèce suivante en termes de taille », explique Miki Ben-Dor, co-auteur de l’étude.
« En conséquence, pour obtenir la même quantité de nourriture, chaque espèce humaine apparue dans le Sud du Levant a été contrainte de chasser des animaux plus petits que son prédécesseur, et a donc dû développer des technologies plus avancées et plus efficaces », poursuit le chercheur. « Alors que les lances suffisaient à Homo erectus pour tuer les éléphants à courte distance, les humains modernes ont développé l’arc et les flèches pour tuer les gazelles, réputées pour leur vitesse. »
La raréfaction des grandes espèces a conduit au développement de l’agriculture
Selon les chercheurs, lorsque les animaux plus grands que les cerfs ont disparu il y a environ 10 000 ans, les humains ont commencé à domestiquer les plantes et les animaux pour répondre à leurs besoins, marquant ainsi l’avènement de l’agriculture.
Alors que des études antérieures soutenaient que le changement climatique avait probablement joué un rôle plus important dans l’extinction d’animaux tels que les mammouths, cette nouvelle étude offre une vision plus sombre de la nature humaine, mais reconnaît néanmoins l’ingéniosité de notre espèce.
« Nous pouvons donc conclure que les humains ont toujours ravagé leur environnement, mais qu’ils étaient généralement assez intelligents pour trouver des solutions aux problèmes qu’ils avaient créés, de l’utilisation de l’arc à la révolution agricole. L’environnement, cependant, a toujours payé un lourd tribut », conclut Ran Barkai, également co-auteur de l’étude.
Par Yann Contegat, le
Source: Earth
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