Que ce soit chez soi en regardant des films, en lisant des comics, en jouant aux jeux vidéo ou bien à l’école pour étudier son oeuvre, Charles Perrault et ses contes de fées sont incontournables dans la culture française ainsi que dans les inspirations ayant touché le monde entier. Grand nom du XVIIe siècle, il est le représentant du conte merveilleux en Europe comme le seront les frères Grimm cent cinquante ans plus tard.
Né en janvier 1628 à Paris sous le règne de Louis XIII, Charles grandit dans une famille bourgeoise de sept enfants et se passionne dès l’enfance pour la littérature. Il intègre le collège de Beauvais mais suite à une discussion avec son professeur de philosophie, quitte l’établissement avec un camarade pour étudier l’histoire de France et des auteurs considérés comme profanes. Il écrit une version burlesque de L’Énéide de Virgile puis devient avocat au Barreau de Paris. Perrault est un travailleur acharné et aimable dans toutes ses relations, ce qui lui permet de se faire apprécier par les différents milieux qu’il fréquente.
Il deviendra le protégé de Colbert lorsqu’il était contrôleur général des finances avant de devenir le secrétaire d’État de la Maison du roi. Il rentre à l’Académie française où il dérange l’ordre établi en prononçant un discours exprimant la supériorité des artistes modernes aux anciens. Opposé à Racine et Boileau, il développera plus tard sa pensée dans Parallèle des anciens et des modernes. Ce n’est que bien plus tard qu’il commence l’ouvrage qui fit entrer son nom à la postérité : Histoires et contes du temps passé, publié en 1697. Toujours populaires, elles marquent de nouveau les esprits au XIXe siècle grâce aux illustrations de Gustave Doré.
S’inspirant lui-même de contes plus anciens et du recueil de Jean-Baptiste Basile, il fait d’abord publier Les Contes de ma mère l’Oye, la première version de l’ouvrage définitif. Il réécrit largement les histoires qu’il reprend et en invente d’autres, toujours en traitant le genre avec intelligence et respect. Car il faut savoir que les contes de fées n’étaient pas vus d’un bon oeil par tous les artistes et intellectuels de l’époque alors que la France est plongée dans le cartésianisme et donc le rationalisme. Dans ce recueil, sont rassemblés huit contes : La Belle au bois dormant, Le Petit Chaperon rouge, La Barbe bleue, Le Chat botté, Les Fées, Cendrillon, Riquet à la houppe et Le Petit Poucet.
Perrault oscille avec habilité entre le réel et l’imaginaire et ancre le tout dans le folklore populaire de l’époque comme l’indique d’ailleurs le titre, la « mère l’Oye » étant un personnage populaire dans les campagnes. Comme dans la mythologie et le folklore, certains archétypes reviennent dans les différents contes. On y trouve des ogres qui sont souvent les méchants de l’histoire. Ils sont terrifiants et ne seront vaincus que par l’intelligence du héros. Il y a bien sûr la princesse et le prince, mais aussi et surtout puisqu’elles donnent leur nom au genre : les fées. Elles correspondent à l’archétype du guide et du mentor du protagoniste, d’où l’appellation de la « fée marraine« .
Non seulement les oeuvres furent immortalisées par des auteurs (Charles Dickens avec Captain Murderer) et des compositeurs comme Ravel pour Ma mère l’Oye ou Scribe, Tchaïkovsky et Schumann pour La Belle au bois dormant, mais si on les connaît aujourd’hui, c’est aussi et surtout par l’adaptation qu’en a fait le studio Disney. Si La Belle au bois dormant et Cendrillon sont devenus cultes, Walt Disney a également produit d’autres oeuvres de Perrault comme Le Petit Chaperon rouge en 1922. Même l’animation japonaise s’en inspire, lorsqu’elle ne l’adapte pas directement.
Hayao Miyazaki lui-même, travaillant alors pour la Toei, participe à une adaptation du Chat botté en 1969 (Nagagutsu wo Haita Neko). Le personnage reviendra d’ailleurs sur le devant de la scène avec les films d’animation Shrek où le Chat botté est d’abord présenté comme un personnage secondaire avant d’avoir droit à sa propre série. De nombreux noms de contes se retrouvent dans d’autres oeuvres : on nous présente un Barbe Bleue dans Fate/Zero et même One Piece utilise les symboles du Petit Chaperon rouge dans l’arc d’Enies Lobby lorsque Sogeking se déguise sous sa cape rouge et que Jabura se transforme en grand méchant loup.
Le parallélisme avec Le Petit Chaperon rouge est cependant largement plus poussé dans l’exceptionnel Jin-Roh où le symbolisme du conte est explicitement réutilisé durant tout le film. Les comics américains n’échappent pas à la règle, notamment sous l’impulsion de Neil Gaiman et son Sandman (auquel participa d’ailleurs Yoshitaka Amano, designer sur Final Fantasy) où plusieurs personnages sont présents. Plus récemment, c’est l’excellent Fables qui reprend Barbe bleue pour en faire un méchant d’envergure.
Si une série télé a repris les contes de Perrault, c’est Supernatural. Une série qui puise dans le folklore mondial pour mettre en scène des monstres divers et variés que pourront affronter les deux protagonistes. Les Contes de Perrault, venus de sources littéraires et folkloriques, ont intéressé de plus en plus d’adultes, parfois ayant grandi en les lisant, parfois en les découvrant dans les travaux de centaines d’artistes contemporains. Dans tous les cas, la lecture de ces contes est incontournable pour cerner bon nombre d’autres livres, films, musiques et bandes dessinées.
Charles Perrault aura eu une vie fascinante, mêlée aux débats des différents courants philosophiques et artistiques de son époque, il change beaucoup de carrière en revenant sans cesse à son amour de toujours : la littérature. Ses contes venus du folklore européen ont inspiré les artistes de l’époque contemporaine, de Gustave Doré à Walt Disney. Quel conte de Perrault est pour vous le plus représentatif du genre des contes de fées ?