
Une étude fascinante révèle un fossé étonnant entre les sexes chez nos lointains ancêtres. Et ce que cela dit de leur vie quotidienne est pour le moins… surprenant.
Les mâles australopithèques étaient géants comparés aux femelles : ce que révèlent les fossiles
Imaginez une société où les hommes feraient deux têtes de plus que les femmes. Littéralement. Ce n’est pas un délire de science-fiction. En réalité, c’est la conclusion d’une étude très sérieuse sur les australopithèques. Ces ancêtres de l’humanité arpentaient la savane africaine il y a 3 millions d’années.
L’anthropologue Adam D. Gordon, chercheur américain spécialisé en paléobiologie, vient de publier une étude dans l’American Journal of Biological Anthropology. Grâce à une méthode mathématique novatrice, il a estimé la taille de plusieurs fossiles d’Australopithecus afarensis (l’espèce de la célèbre Lucy) et d’Australopithecus africanus, une cousine proche.
Ce qu’il a trouvé ? Un dimorphisme sexuel impressionnant. Les mâles étaient bien plus grands que les femelles, peut-être plus encore que chez n’importe quel primate actuel. Autrement dit, c’était comme si King Kong et une mini Lucy partageaient le même arbre généalogique.
Un écart de taille qui en dit long sur la structure sociale des australopithèques
Mais pourquoi une telle différence ? La taille, dans le monde animal, n’est jamais un simple détail. Au contraire, elle raconte une histoire de compétition, de ressources, de stratégies de survie.
Chez les australopithèques, un tel écart de taille suggère une société très hiérarchisée. Les mâles se battaient pour avoir accès aux femelles. Seuls les plus costauds, les plus imposants, accédaient à la reproduction. Un club très fermé.
Ce modèle existe encore aujourd’hui chez certains primates comme les gorilles. Là aussi, quelques mâles dominants monopolisent les faveurs des femelles. Les femelles, souvent plus petites, ont intérêt à conserver leur énergie. Dans un environnement où la nourriture se fait rare, être plus menue permet de survivre. Ainsi, elles augmentent leurs chances de porter un enfant à terme.
L’étude de Gordon met aussi en lumière la manière dont ces contraintes biologiques et écologiques ont modelé les structures sociales. Chez les australopithèques, tout indique une organisation où la compétition masculine était rude. Par conséquent, les rôles étaient très différenciés.
De Lucy à nous : que reste-t-il aujourd’hui de ce passé biologique ?
À la lecture de cette étude, difficile de ne pas se poser la question : qu’avons-nous hérité de cette lointaine époque ? Nos sociétés modernes ont largement évolué vers plus d’égalité entre les sexes. Cependant, certaines traces de ce passé biologique résonnent encore, parfois à notre insu.
Les inégalités ne sont plus dictées par la taille des os. En revanche, elles passent par des structures bien plus subtiles. Et c’est précisément en comprenant nos origines que l’on peut continuer à les déconstruire.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Catégories: Actualités, Sciences humaines