L’avion de chasse de sixième génération J-50 fait beaucoup parler de lui. Dénué de plans verticaux et doté d’une aile lambda, il semble taillé pour la furtivité. Mais ce critère ne suffit pas à en faire un véritable outil de supériorité aérienne. Voici ce qui pourrait vraiment faire la différence.

Le J-50 fait le buzz, mais les vidéos virales ne prouvent rien
Des vidéos amateurs circulent sur les réseaux sociaux. Elles montrent un avion de chasse au look futuriste, manœuvrant à basse altitude près d’une zone urbaine. Le J-50, appareil furtif de sixième génération, semble mis en avant de manière stratégique.
Ses apparitions sont souvent filmées au smartphone, et laissent penser à une véritable opération de communication. Depuis le défilé militaire du 3 septembre à Pékin, la Chine cherche clairement à impressionner.
Du côté américain, Donald Trump promet un F-47 plus puissant que tous les avions de combat existants. Problème : il n’existe encore que sur le papier. Pendant ce temps, la Chine multiplie les preuves concrètes de ses progrès. Le J-50 semble même accélérer sa campagne d’essais.
New pictures of the 6th generation fighter from China's SAC.
— Zhao DaShuai 东北进修🇨🇳 (@zhao_dashuai) September 25, 2025
The tailless configuration gives it all-aspect stealth, meaning it's stealthy from all angles.
The edges are very long with minimal small protrusions and control surfaces like horizontal stabilizers.
This minimizes… pic.twitter.com/egLX7cy2Dg
Une forme furtive, mais sans moteur révolutionnaire le J-50 reste limité
Futura avait déjà mentionné son architecture à aile lambda, sans empennage vertical. C’est justement ce que les Américains tentent de développer avec le NGAD, ou F-47 selon la communication de Trump. En Europe, le FCAS patine entre les visions françaises et allemandes.
Dans les deux cas, ces projets restent largement à l’état de concept, contrairement au J-50, que l’on voit voler.
Son aile sans gouvernes verticales est un atout important en furtivité, car elle réduit la signature radar. Mais cela ne suffit pas. Le vrai facteur clé reste la motorisation, encore plus que la forme de l’avion.
Pour qu’il devienne une menace crédible en Asie-Pacifique, le J-50 doit combiner autonomie élevée et vitesse de pointe. Deux objectifs difficilement conciliables.
Sans moteur à cycle variable, le J-50 ne peut rivaliser avec les futurs avions américains
C’est là qu’entre en jeu une technologie cruciale : le moteur à cycle variable. Les Américains planchent dessus depuis longtemps. Pourtant, à ce jour, tout ce que l’on sait du J-50, c’est qu’il utilise deux moteurs à poussée vectorielle bidimensionnelle. Ils permettent d’orienter la poussée du réacteur selon un axe, mais ne garantissent pas une autonomie exceptionnelle.
Le fameux moteur à cycle variable permettrait, en théorie, d’adapter la propulsion à chaque régime de vol. À basse vitesse, il fonctionnerait comme un turboréacteur civil, avec une grande efficacité.
En vol rapide, il basculerait sur un mode plus énergique, avec moins de consommation de carburant et moins de chaleur émise. Malheureusement, ce moteur n’existe qu’à l’état de prototype.
Le J-50 impressionne en vol, mais il bluffe encore technologiquement
Le programme américain AETP (Adaptive Engine Transition Program) avait pour but d’équiper le F-35. Il a été stoppé fin 2023, faute de compatibilité avec la cellule. Pourtant, les résultats étaient prometteurs : 25 % de carburant économisé, grâce à des matériaux avancés comme les composites à matrice céramique (CMC).
Construire un tel moteur reste extrêmement complexe et coûteux. Il pourrait être réservé au successeur du F-35, dont Donald Trump a récemment vanté les vertus. Mais côté chinois, rien ne prouve que cette technologie soit maîtrisée, encore moins installée dans le J-50.
Et c’est bien là que se joue la vraie différence : un avion même truffé d’IA et de capteurs reste limité sans un moteur réellement adaptatif.
Le J-50 existe. Il impressionne. Mais il bluffe encore.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Catégories: Technologie