Le mois de février est marqué chaque année par un événement que petits et grands attendent avec impatience : le carnaval. Fêtée jusqu’à Mardi Gras, cette fête haute en couleurs est l’occasion pour chacun de se déguiser et de faire la fête. Et s’il possède des caractéristiques fondamentales, le carnaval connaît quelques variantes à travers le monde même si un constat subsiste : celui de s’amuser. Focus sur cette fête présente depuis les premiers temps de l’Histoire et sur ses déclinaisons les plus connues.
Jour de fête attendu par les enfants comme les adultes, le carnaval permet toutes les fantaisies. Généralement célébré entre l’épiphanie et le mercredi des cendres, cette tradition est l’occasion de se déguiser et pour les plus jeunes de manger des crêpes qu’ils ont souvent cuisinées eux-mêmes. Si elle est une fête populaire par excellence, le carnaval est aussi l’héritier de traditions millénaires.
LE CARNAVAL EST EN FAIT DÉRIVÉ DE FÊTES ROMAINES
La fête est un dérivé d’un événement des Bacchanales, Lupercales et Saturnales romaines. Pendant ces festivités de l’Antiquité, il est une journée où les esclaves devenaient maîtres et où tout ce qui est interdit était alors permis. Avec l’arrivée du Christianisme, le carnaval est alors associé au jour de Mardi Gras, dernier jour où les chrétiens peuvent manger de la cuisine grasse avant le jeûne du carême.
Au fil des ans et des traditions, le carnaval est devenu un jour où chacun peut devenir qui il veut, faire ce qu’il veut sans se préoccuper de ses soucis et s’amuser. Pour beaucoup, c’est une même devenu une tradition, un rendez-vous incontournable à ne manquer pour rien au monde. Et il y a 4 grands carnavals qui ont su s’imposer comme les plus grands du monde car ils permettent à ceux qui y participent de faire la fête, chacun à leur manière.
LES CARNAVALS DU NORD ET DE BELGIQUE
Très populaires en Europe, les carnavals sont une institution en particulier dans le Nord de la France et en Belgique. Ceux-ci sont apparus dans la région au XVIIe siècle, et ils sont intimement liés au développement de la pêche à la morue. Pendant 6 mois, les pêcheurs quittaient femmes et enfants pour ramener du poisson mais beaucoup ne revenaient pas vivants. Pour leur faire honneur, les marins touchaient une solde faisant office d’assurance et se réunissaient autour d’un grand banquet financé en partie par les armateurs. Leurs affaires étant déjà emballées, les marins enfilaient les robes de leurs femmes pour faire la fête. Peu à peu les autres professions s’y sont mises, donnant alors naissance aux carnavals.
Pour le plus connu d’entre eux, le carnaval de Dunkerque, la tradition veut que le Clet’che (c’est-à-dire le costume) soit fait grâce à la récupération. En règle générale, les hommes se déguisent en femme et tout le monde porte les couleurs les plus chatoyantes possibles. Une fois le costume enfilé, les carnavaleux ont deux temps forts dans leur journée : les bandes et les bals même si beaucoup attendent le lancer de harengs, une tradition datant de la Seconde Guerre mondiale.
Dans les bandes, les carnavaleux se réunissent pour défiler dans les rues des villes au rythme de la musique jouée par la clique (la fanfare) et menée par le Tambour-Major. Souvent bondées, les bandes sont également l’occasion de chahuts, des périodes où la foule s’amasse et se bouscule. Pour la canaliser, des hommes forts sont placés à l’avant afin de protéger la clique. Une fois la journée terminée, les carnavaleux se rendent dans les bals afin de s’amuser mais aussi principalement afin de sympathiser et de chanter avec d’autres fêtards.
CAMARADERIE, HOSPITALITÉ ET SENS DE LA FÊTE
La musique joue d’ailleurs un rôle clé dans les carnavals du Nord et de Belgique. Si elle est l’occasion pour les fanfares d’animer les bandes, elle est aussi le lien qui unit tous les carnavaleux. A Dunkerque notamment, des chants sont entonnés à l’unisson lors des bandes et des bals. Souvent grivois, d’autres rendent hommage à des héros de la ville comme le corsaire Jean Bart ou Co-Pinard II, tambour-major mythique qui a guidé les bandes pendant 29 ans. Et c’est en musique que la saison des carnavals se vit en mettant en avant la camaraderie, l’hospitalité et le sens de la fête.
LE CARNAVAL DE VENISE
Célébré pour la première fois en 1094 même si ses origines seraient antérieures, le carnaval de Venise est l’un des carnavals les plus connus au monde mais aussi l’un des plus élégants. Se déroulant sur 10 jours et prenant fin à Mardi Gras, il est l’occasion pour les Vénitiens comme pour les touristes de passage de se parer de costumes colorés et précieux. Par le passé, il était l’occasion pour les riches et les moins fortunés de se mélanger sans être jugés.
LE CARNAVAL DE VENISE A ÉTÉ CÉLÉBRÉ POUR LA PREMIÈRE FOIS EN 1094
Ce qui a fait la renommée de ses participants, ce sont les masques aux formes variés derrière lesquels ils se cachent. Qu’il s’agisse d’un loup ou d’un masque recouvrant la totalité du visage, le véritable masque vénitien est réalisé en papier mâché et nécessite des heures de travail. C’est cependant la pièce maîtresse du déguisement, celle qui fait une tenue.
Tout comme dans les carnavals du Nord, celui de Venise est rythmé tous les soirs par des bals donnés dans les plus luxueux établissements de la ville. Un autre événement cependant attire en masse les touristes le premier dimanche du carnaval : le Vol de l’Ange.
Cette tradition apparue au XVIe siècle puise son origine dans le tour de force réalisé par un acrobate de rejoindre le campanile depuis un bateau en marchant par une corde. Néanmoins, la mort d’un acrobate en 1759 fera que l’événement sera remplacé par la descente d’une colombe en bois. Depuis l’événement a changé et c’est une jeune femme costumée retenue par un câble qui s’élance depuis le campanile pour rejoindre la place Saint Marc.
LE CARNAVAL DE RIO
Carnaval le plus connu d’Amérique latine, celui de Rio est sans conteste l’un des plus impressionnants du globe. Chaque année pendant la semaine précédant le mercredi des cendres, la ville vit au rythme de la fête. Les festivités ont été amenées au Brésil par les Portugais mais aussi par les esclaves africains qui voyageaient avec eux et y participaient. Lors de cette fête, ils portaient des masques ainsi que des costumes faits de plumes, d’os et d’autres éléments naturels. Autant de traditions qui ont abouti à l’une des forces du carnaval de Rio : ses costumes hauts en couleurs.
En plus des costumes, l’autre point fort du carnaval de Roi est évidemment la samba. Qu’ils soient musiciens ou danseurs, les membres des écoles de samba représentent le cœur de la fête. Pourtant, ce n’est que tardivement que le carnaval a été associé à cette musique. C’est officiellement en 1917 que la samba est devenue la musique officielle de cette fête. Tout comme ses costumes, ce sont les esclaves africains qui l’ont introduit au Brésil.
Une fois l’esclavage aboli, beaucoup d’entre eux ont rejoint Rio et se réunissaient afin de jouer et danser ensemble. De cette tradition, sont nées les écoles de samba ainsi que la première parade de samba qui s’est tenue lors du carnaval de 1932. Depuis, les défilés des écoles sont devenues une institution et notamment la compétition du Sambodrome où s’affrontent chaque année les 12 meilleures écoles de la ville.
Complexe officiel de la compétition depuis 1984, le Sambodrome est une enceinte qui a été construite autour d’un ancien axe important de la ville, l’avenue Marquês de Sapucaí. C’est pour répondre à l’affluence massive de visiteurs à cette période que les gradins de béton, dessinés par l’architecte Oscar Niemeyer, furent construits le long de cette avenue. Le dimanche et le lundi des festivités, les 12 écoles en compétition s’affrontent chacune pendant 85 minutes en offrant à la foule le plus beau spectacle possible, un spectacle qui fascine tous les ans et qui marque la fin d’une semaine de fête.
MARDI GRAS A LA NOUVELLE-ORLEANS
Si aux États-Unis, le carnaval ne compte pas parmi les fêtes les plus populaires, à la Nouvelle-Orléans, c’est une véritable tradition qui attire chaque année des milliers de fêtards. Connu sous le nom de Mardi Gras, ce carnaval est célébré dans la capitale de la Louisiane et se déroule sur un mois, du jour de l’épiphanie jusqu’au soir de Mardi Gras. Pour l’occasion, des dizaines de bals et de défilés (composés essentiellement de chars et de fanfares) sont organisés.
Comme pour le carnaval de Rio, ce sont les européens et plus particulièrement les colons Français qui l’ont importé aux États-Unis. Le premier Mardi Gras américain a ainsi été célébré en 1699, mais à l’époque, il n’était pas question de porter des déguisement ou de défiler. La célébration servait cette année là à rendre hommage à un explorateur, René Robert Cavelier, qui avait donné le nom de « point de Mardi Gras » à une terre située dans le delta du Mississippi.
Il n’avait d’ailleurs pas lieu à la Nouvelle-Orléans car la ville n’a été fondée qu’en 1718. Quand les Français s’y sont installés, ils ont amené leurs traditions dont celle d’organiser des bals le jour de Mardi Gras. Le jour de fête est d’ailleurs préservé quand l’état est racheté par les États-Unis en 1803. Mais au delà de ses fanfares, de ses chars et de ses costumes, Mardi Gras à la Nouvelle Orléans est surtout connu pour une chose : son lancer de collier de perles.
Tradition apparue au XIXe siècle, elle dérive d’une autre coutume pratiquée en Europe par les aristocrates qui lançaient de l’argent à la foule. Tous colorés, ils sont en règle générale violet, vert ou doré. Ces 3 couleurs symbolisent la justice, la foi et le pouvoir mais d’autres vertus leur ont été données au fil des ans. En attraper est synonyme de chance et de bonne fortune pour l’année : c’est pour cela que les carnavaleux essaient d’en enfiler un maximum autour de leurs cous.
Toujours déguisés, mettant à l’honneur la musique ou non, les carnavals sont l’occasion pour des milliers de personnes de faire la fête quelle que soit la région du monde. Évoluant au fil de l’Histoire et des influences, cette fête populaire reste avant tout un moment de partage rythmé par des chants, de la danse, des défilés et quelques coutumes plus insolites. Si les 4 présentés sont les plus emblématiques, ils sont fêtés partout dans le monde, de Nice à la Martinique en passant par Cologne, Tournai, Québec, Notting Hill ou encore Kingston. Il ne reste plus qu’à vous cacher derrière un masque et de faire la fête !