
Des capucins vivant sur une île isolée du Panama ont été observés à plusieurs reprises en train de voler des juvéniles de singes hurleurs. Cette tendance inédite laisse les chercheurs perplexes.
Rapts en série
La population sauvage de Sapajous du Panama (Cebus capucinus imitator) vivant sur l’île de Jicarón est suivie depuis 2017 à l’aide de 86 caméras à détection de mouvement, essentiellement afin de documenter leur utilisation d’outils en pierre sophistiqués pour ouvrir des fruits à coque.
Lors du visionnage de séquences capturées il y a trois ans, un chercheur a remarqué un jeune mâle transportant un bébé singe hurleur (Alouatta palliata coibensis) sur son dos. Il s’est par la suite avéré que l’individu, surnommé Joker, avait commis quatre rapts en quatre mois.
Zoë Goldsborough, de l’Institut Max-Planck, et ses collègues pensaient au départ qu’il s’agissait d’un comportement isolé. Mais en l’espace de quinze mois, quatre autres capucins ont été pris la main dans le sac, portant le total de bébés singes hurleurs enlevés, âgés de moins de quatre semaines, à onze.
Si les femelles primates sont connues pour recueillir les juvéniles abandonnés d’autres espèces, les coupables étaient dans ce cas tous de jeunes mâles, qui semblaient arracher les petits à leur famille. Trop jeunes pour survivre sans le lait de leur mère, ceux-ci sont probablement tous morts de dénutrition.
Des raisons encore floues
Selon les auteurs de la nouvelle étude, publiée dans la revue Current Biology, les Sapajous du Panama sont des créatures hautement sociales, et les jeunes mâles de l’île de Jicarón ceux qui utilisent la plus large gamme d’outils.
L’absence de prédateurs naturels et une faible concurrence auraient probablement poussé l’un des membres du groupe à expérimenter, et ce comportement « innovant » rapidement copié par plusieurs de ses congénères.
« La nécessité n’est pas la mère de toute invention. Pour un singe très intelligent vivant dans un environnement sûr, voire peu stimulant, l’ennui et le temps libre pourraient suffire », concluent les chercheurs.
Il y a quelques mois, des orques arborant des saumons morts en guise de couvre-chef avaient été observées.
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
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