En matière de sensibilité, les chercheurs s’étaient jusqu’à présent surtout concentrés sur le toucher des robots. Mais c’était compter sans le travail de cette équipe d’IBM Research qui a mis au point une langue robotique capable de « goûter » différents liquides afin de détecter la présence de produits chimiques potentiellement dangereux.
Une technologie étonnante
Baptisé Hypertaste, ce prototype utilise un matériau synthétique intégrant des « sites de liaison de reconnaissance capables d’identifier une molécule ou sa structure analogue à partir de matrices d’échantillons complexes ». Ou, dans un langage encore plus sophistiqué, un polymère imprimé moléculairement capable d’imiter les récepteurs biologiques des cellules, anticorps ou enzymes, qui vont émettre un signal électrique interprété par la langue robotique grâce à ses capteurs électrochimiques, constitués de paires d’électrodes.
Cette combinaison va créer une « empreinte digitale globale » permettant à Hypertaste d’identifier un certain nombre de liquides, de la même manière que le feraient nos papilles gustatives. Comme l’a précisé Patrick Ruch, membre d’IBM Research à Zurich : « Nous avons ce réseau de capteurs qui, pris individuellement, ne seraient pas très utiles car ils réagissent simultanément à plusieurs molécules. Mais leur réponse combinée va permettre d’identifier précisément la composition du liquide dans lequel le prototype est immergé. »
De nombreuses applications envisageables
L’empreinte digitale du liquide établie par Hypertaste est ensuite envoyée à un smartphone grâce l’application dédiée, puis téléchargée sur un serveur de cloud où un réseau neuronal va se charger de la comparer à la liste de différents liquides connus. L’appli se charge ensuite d’afficher la correspondance la plus proche en un temps extrêmement réduit : le prototype a été testé sur quatre type d’eau minérale en bouteille, et l’ensemble du processus a duré moins d’une minute et s’est révélé précis à 90 %.
Un telle technologie bénéficierait d’applications dans de nombreux domaines, y compris l’industrie pharmaceutique. Les capteurs ultra-perfectionnés d’Hypertaste pourraient par exemple identifier des médicaments contrefaits à partir de simples échantillons, s’assurer qu’une source d’eau est propre à la consommation, détecter la présence de polluants dans les eaux usées, ou être utilisés pour déterminer l’état de santé d’un patient où connaître la façon dont elle réagit à un certain type de traitement en identifiant les métabolites dans son urine.
Pour l’heure, Hypertaste est encore au stade de prototype, mais IBM s’attache à étendre ses capacités de détection et d’analyse à d’autres composés chimiques.
Par Yann Contegat, le
Source: Techthelead
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