Dans des tombes chinoises anciennes, des archéologues viennent de découvrir des bols et autres objets portant des traces de cannabis. Vraisemblablement, la plante aurait été utilisée pour ses effets psychotropes, notamment lors de rituels et de traditions régionales. La consommation de cannabis remonterait donc à 2500 ans. Explications.
Une découverte époustouflante
Publiée dans la revue Science Advances, cette étude est sans équivoque : dans une partie de la Chine occidentale actuelle, on consommait déjà du cannabis il y a 2500 ans. C’est en analysant des résidus sur des reliques, retrouvées à travers huit tombes d’un cimetière de Jirzankal, que les chercheurs ont pu arriver à cette conclusion.
Les chercheurs ont notamment prouvé que le cannabis était consommé, et non simplement utilisé pour ses autres propriétés. Depuis plusieurs années déjà, nous savions qu’en Asie de l’Est, les plantes de cannabis étaient cultivées pour ses graines alimentaires et ses fibres textiles depuis des millénaires. La découverte de ces derniers jours est donc tout autre, puisque l’on parle de consommation. Bien évidemment, le cannabis n’était pas consommé dans un but récréatif, mais au contraire dans le cadre de pratiques religieuses (et plus précisément lors de cérémonies funéraires). En analysant les résidus de cannabinol, les chercheurs ont pu déduire a posteriori la concentration en THC présente sur les objets.
C’est dans une montagne du massif du Pamir, à l’ouest de la Chine actuelle, que les chercheurs ont fait cette découverte, à 3000 mètres d’altitude. Ils ont ainsi mis la main sur huit tombes, dans lesquelles ils ont trouvé des traces de cannabis merveilleusement bien conservées.
Comment les scientifiques ont-ils procédé ?
Au total, huit tombes ont donc été mises au jour et fouillées précautionneusement. À plus de 3000 m d’altitude, elles étaient très bien conservées et contenaient des squelettes et de nombreux objets, comme des assiettes en bois, des pots et divers outils. Chose intéressante, ces objets contenaient des traces de combustion, que les chercheurs se sont empressés d’analyser.
Robert Spengler, le coauteur de l’étude, raconte : “Quand nous avons vu ces brûleurs, nous avons eu l’intuition qu’ils pouvaient avoir servi à des fins rituelles, par exemple pour brûler des plantes psychoactives ou aromatiques dans le cadre de rituels mortuaires.” L’analyse de ces éléments a pu permettre aux auteurs de l’étude d’extraire de la matière organique des fragments de bois, et surtout de révéler des traces de cannabis, qui comprenaient une concentration en cannabinol (sous-produit du THC) bien plus élevée qu’à l’état naturel. L’utilisation du cannabis a donc pu être démontrée. D’ailleurs, la très haute altitude de la région a pu jouer un rôle dans cette concentration élevée de THC. Les cultures sont logiquement plus exposées aux rayons UV, ce qui a pu stimuler les plantes.
La datation de ces tombes remontant à environ 2500 ans, les chercheurs ont donc essayé de découvrir à quelle fin, et sous quel motif les locaux avaient pu consommer du cannabis. Vraisemblablement, cela se serait produit en insérant le cannabis sous des pierres chaudes, provoquant ainsi des vapeurs qui étaient par la suite inhalées. On peut donc logiquement penser que le cannabis, dont les traces furent retrouvées à proximité des tombes, était utilisé à des fins rituelles, et lors de cérémonies funéraires.
Dans les faits, il s’agit de la plus ancienne preuve que nous avons en notre possession de l’utilisation intentionnelle du cannabis pour ses propriétés psychoactives. Tout cela remet donc en question la découverte de la consommation du cannabis, et la découverte de son “potentiel” sur le corps humain. Les chercheurs ne savent toujours pas si ce cannabis a, cependant, été cultivé ou récolté. La route de la soie a également pu jouer un rôle a posteriori, afin de transmettre ce genre de savoirs et d’utilisation d’une plante sur le corps humain. Comme le rapporte Robert Spengler dans un communiqué, “les humains ont toujours été attirés par les plantes qui ont des effets chimiques sur le corps”.
Par Benjamin Cabiron, le
Source: Popsci
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