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Camouflé dans les abysses, ce robot-méduse chinois pourrait révolutionner l’exploration… ou l’espionnage

Inspiré du vivant, ce petit robot ultra-léger reproduit les mouvements d’une méduse. Discret, précis et presque invisible, il pourrait transformer l’exploration des fonds marins… mais aussi soulever des questions sur l’usage militaire du biomimétisme.

Illustration d’une éruption solaire projetant un flux de particules incandescentes vers la Terre protégée par son champ magnétique bleu.
Illustration d’une tempête solaire atteignant la Terre, montrant la protection offerte par le champ magnétique terrestre. © DailyGeekShow / Image d’illustration scientifique

Copier la nature permet d’innover plus vite, plus efficacement, et souvent de manière écologique

Le biomimétisme n’est plus une tendance, mais un véritable moteur d’innovation. Il désigne l’art d’imiter les formes, comportements et stratégies du vivant pour résoudre des défis techniques. L’aéronautique, par exemple, s’est largement inspirée des oiseaux pour développer les ailes d’avion. Le Velcro, lui, vient des graines de bardane, qui accrochent leur surface à tout ce qu’elles croisent, grâce à de minuscules crochets naturels.

Ce principe s’applique aussi aux trains japonais Shinkansen, dont la forme profilée reprend celle du bec du martin-pêcheur, réduisant ainsi les nuisances sonores à l’entrée des tunnels. Et que dire des surfaces autonettoyantes, inspirées des feuilles de lotus qui repoussent l’eau et la poussière ? Aujourd’hui, ce sont les profondeurs marines qui deviennent le nouveau terrain d’exploration pour cette science bio-inspirée.

Ce robot-méduse s’inspire du vivant pour explorer les fonds marins de façon silencieuse et autonome

L’océan est l’un des environnements les plus hostiles pour l’homme… et l’un des moins explorés. Pour mieux le comprendre, les chercheurs misent désormais sur le biomimétisme. C’est le cas d’une équipe américaine qui a conçu des méduses bioniques, capables de collecter des données environnementales dans les abysses, là où les engins classiques échouent souvent.

Cette idée a inspiré les ingénieurs chinois de l’Université polytechnique du Nord-Ouest à Xi’an. Ils ont mis au point un robot-méduse nommé « fantôme sous-marin », mesurant à peine 12 cm de diamètre pour 56 grammes. Malgré sa petite taille, il embarque une caméra miniature, une puce d’intelligence artificielle et des systèmes de propulsion directement copiés sur les méduses. Un concentré de technologie aussi discret qu’efficace.

L’agilité et la sobriété énergétique font de cette méduse robot une sentinelle idéale des grands fonds

Le secret de sa mobilité réside dans des actionneurs électrohydrauliques innovants, couplés à des électrodes en hydrogel, qui permettent de reproduire fidèlement la nage pulsatile des méduses. Sa consommation énergétique, estimée à 28,5 milliwatts, en fait un outil d’exploration idéal pour les missions longues et silencieuses.

Ce robot se distingue par son design biomimétique : un corps transparent, des tentacules souples, et surtout, une capacité à imiter les signaux neuronaux qui déclenchent les mouvements naturels. Grâce à une propulsion par anneaux tourbillonnaires, il se déplace avec fluidité et agilité, comme un être vivant. Le tout dans un silence quasi absolu, ce qui le rend particulièrement difficile à détecter sous l’eau.

Cet espion marin potentiel soulève des espoirs scientifiques mais aussi des questions stratégiques

Officiellement, le fantôme sous-marin a été conçu pour des missions scientifiques : observation de zones sensiblessurveillance écologiqueinspection d’infrastructures sous-marines. Le professeur Kai Tao, responsable du projet, affirme qu’il pourrait même être utilisé pour étudier les écosystèmes fragiles sans les perturber.

Mais ses capacités de camouflage, de discrétion et d’adaptabilité pourraient également intéresser d’autres sphères. Dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes, ce type de robot pourrait servir à espionner discrètement, voire à mener des missions dans des eaux hostiles. Seul bémol : cette imitation quasi parfaite de la méduse attire aussi ses prédateurs naturels, comme les tortues. Un risque à anticiper pour toute utilisation à long terme.

Par Eric Rafidiarimanana, le

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