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Comment les camions de glaces ont bouleversé nos étés

Découvrez l'histoire fascinante qui se cache derrière cet incontournable de la période estivale

La mélodie claironnante des camions de glaces nous trotte parfois dans la tête toute la journée. Avant de parvenir aux rues simples de notre quotidien, ces vendeurs de rêve ont parcouru une bien longue route, depuis la ville de Youngstown, dans l’Ohio. A l’aube de ce processus, une glace à la vanille encastrée dans du chocolat : délicieuse, mais difficile à transporter…

Tout est parti d’un bâtonnet en bois

En 1920, quand Harry Burt fit goûter sa dernière composition, une boule de glace à la vanille encastrée dans du chocolat, à sa fille Ruth Burt, cette dernière la qualifia sous ces mots : « Délicieuse, mais difficile à manier ! » C’est alors que son frère, Harry Burt Jr, imagina ce qu’on appelle aujourd’hui des esquimaux, c’est-à-dire une glace au bout d’un bâton. Rien de si révolutionnaire, a priori, puisque son père lui-même, confiseur à Youngstown, avait concocté auparavant ce qu’il appelait la « Jolly Boy », qui consistait en fait en une sucette, un bonbon dur au bout d’un bout de bois.

Mais allier une glace avec un manche en bâton était pour l’époque inédit. Le processus de création de cette glace valut à Burt deux brevets américains, qui lança alors son invention, désormais appelée « the Good Humor bar », sur une course à la compétitivité contre sa rivale l’« I Scream bar », dont la composition était très similaire.

― Resul Muslu / Shutterstock.com

De la charette au camion motorisé

C’est sans doute cette concurrence qui pressa Burt de trouver une stratégie de diffusion innovante pour son produit. Le confiseur devint ainsi le premier vendeur de glaces à passer de la charette au camion motorisé, offrant aux vendeurs la liberté d’aller dans les rues qu’ils voulaient.

Cette entreprise fit exploser non seulement ses propres ventes mais celles de ses nombreux imitateurs, et changea les pratiques alimentaires d’une infinité d’Américains, chamboulant également leur expérience de la saison estivale.

― Sandy Morelli / Shutterstock.com

Les camions de glaces sur la route du succès

En 1932, environ 14 millions de glaces Good Humor bars furent vendues dans les seules villes de Chicago et New York. Même pendant la Grande Dépression, un conducteur de camion de glaces Good Humor amassait 100 $ par jour, ce qui correspond à 1 800 $ dans la monnaie actuelle. Ces vendeurs devinrent aux yeux des citadins une présence très sympathique dans leurs rues de tous les jours.

Burt dote alors ses camions d’une musique reconnaissable, afin qu’ils puissent être repérés depuis tout un quartier. « C’était un peu le roi des affaires », explique le chercheur Daniel Neely, ajoutant qu’il fit en sorte « d’installer ses camions devant tous les studios de radio et de tournage de la ville pour se faire de la publicité grâce aux stars et aux personnes influentes qui fréquentaient ces lieux ».

― crazystocker / Shutterstock;com

Après les années 1950, une forte expansion

Good Humor s’étendit dans les années d’après-guerre. Dans les années 1950, la compagnie possédait environ 2000 camions, opérant partout dans les États-Unis, et ciblant principalement des consommateurs de moins de douze ans.

Achetée par Unilever en 1961, la marque Good Humor fait ensuite face à la concurrence de marques émergentes telles que Mister Softee. C’est en s’inspirant de ce rival que Good Humor commence à remplacer son camion par un van, permettant de distribuer directement ses produits par une fenêtre latérale.

― Atlaspix / Shutterstock.com

Un commerce qui roule toujours après quelques accidents

Cependant, le parcours des camions de glaces ne fut pas toujours tout rose. En 1975, ils furent accusés par les autorités new-yorkaises d’avoir caché la réelle composition de leurs produits, dans lesquels proliférait alors une quantité excessive de bactéries toxiques. Ils furent également accusés de ne pas avoir mis leurs ingrédients à l’abri de la saleté, de la poussière et des insectes, une négligence qui pouvait conduire à de dangereuses contaminations.

L’entreprise dut payer une amende de 85 000 $ (selon la monnaie de l’époque) et fut forcée de multiplier ses contrôles de qualité. Dès 1980, Good Humor dut renoncer au marché des glaces mobiles et se tourna vers la grande distribution. Des conducteurs continuèrent cependant d’arpenter les rues dans un camion orné du logo de Good Humor, au plus grand bonheur de plusieurs générations d’enfants.

Par Solene Planchais, le

Source: Smithsonianmag

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