Les progrès de la science ne cessent d’impressionner et d’améliorer nos conditions de vie jour après jour. Pour les personnes ayant perdu l’usage d’un bras ou d’une main, des chercheurs ont mis au point des prothèses robotiques capables de reproduire la sensation du toucher. DGS vous en dit plus sur cette innovation qui va changer des vies.
Des chercheurs de la Case Western Reserve University ont réussi à développer la prothèse qui se rapproche sans doute le plus des sensations naturelles. L’équipe menée par Dustin Tyler a en effet développé une prothèse de main connectée à des électrodes sous la peau, à proximité des nerfs. Deux à trois électrodes ont été implantées chez deux hommes adultes qui avaient perdu leur main lors d’accidents. Ceux-ci ont pu effectuer des tâches du quotidien pendant deux ans et demi sans rencontrer le moindre souci.
Les chercheurs ont également amélioré la perception sensorielle en envoyant des signaux électriques à travers la prothèse. Selon la stimulation produite, différents neurones réagissaient de manière différente, à la manière de ce qui se passe naturellement lorsque nos mains touchent ou saisissent un objet. Les patients ont d’ailleurs déclaré avoir l’impression de saisir des objets avec une extension naturelle de leur corps plutôt qu’avec un outil étranger. « Cette prothèse réactive certaines parties du cerveau qui commandent le sens du toucher. Lorsque la main est perdue, les capteurs associés à ces parties du cerveau sont désactivés », a déclaré Tyler dans un communiqué de presse.
C’est également avec une grande joie que les patients ont vu le retour de sensations familières, parfois perdues depuis très longtemps. Lors d’une expérience où leurs yeux étaient masqués, l’un a déclaré avoir « senti » une boule de coton sur sa prothèse tandis que l’autre patient a également spécifié avoir « senti » de l’eau ruisseler sur sa main artificielle. Ce résultat est atteint de manière artificielle grâce à des signaux électriques envoyés dans leur bras et leur cerveau, ouvrant la voie à de nouvelles recherches sur le sujet. Les patients peuvent désormais contrôler leur main avec plus de dextérité que ne le permettrait une prothèse ordinaire. En effet, ils ont pu saisir des objets comme des tomates cerises ou des grappes de raisin sans les écraser, ou encore verser du dentifrice sur leur brosse à dents.
Lors d’une autre étude, l’équipe menée par Max Ortiz-Catalan de la Chalmers University of Technology s’est appliquée à recréer la liberté de mouvement d’un bras naturel. Les chercheurs ont développé un bras « osso-intégré » directement connecté à l’os, aux muscles et aux nerfs d’un adulte amputé au-dessus du coude il y a 10 ans. Le bras artificiel est accroché à l’os via une tige en titane qui fait office d’extension au squelette. Cette approche utilise des électrodes tissées sous la peau qui émettent un retour sensoriel permanent et stimulent les nerfs pour un contrôle plus précis. Le patient peut là aussi effectuer des tâches quotidiennes sans aucun problème et même dormir sans retirer sa prothèse. Ce qui n’était pas possible avec son ancienne prothèse, dont les électrodes étaient sur la surface de la peau.
« Nous avons utilisé l’osso-intégration pour créer une fusion à long terme stable entre l’Homme et la machine. Le bras artificiel est directement attaché au squelette, donnant une stabilité mécanique jamais atteinte par aucune prothèse », explique Ortiz-Catalan dans un communiqué de l’université. Le système de contrôle biologique de l’être humain, constitué de nerfs et de muscles, est également lié à l’interface de contrôle de la machine grâce à des électrodes neuro-musculaires, créant une union intime entre le corps et la machine.
Cette invention révolutionnaire allie ingénieusement la biologie à la technologie. Nous sommes ravis de constater que les personnes ayant perdu un bras ou une main puissent retrouver des sensations naturelles et on espère que ces deux produits seront rapidement accessibles au grand public. Quant à vous, pensez-vous que la technologie et la médecine doivent travailler ensemble pour améliorer le quotidien des personnes handicapées ?
Par Nassim Rahmani, le
Source: IFL Science