L’examen de bracelets découverts dans le tombeau de l’ancienne reine égyptienne Hétep-Hérès Ire a révélé de nouvelles informations sur les réseaux commerciaux qui reliaient autrefois l’Ancien Empire à la Grèce.
Les bijoux d’Hétep-Hérès Ire révèlent leurs secrets
Considérée comme l’une des reines les plus influentes de l’Égypte ancienne, Hétep-Hérès Ire était l’épouse de Snéfrou, premier pharaon de la quatrième dynastie (2575 à 2465 avant notre ère), et la mère de Khéops, dont le règne fut marqué par la construction de structures majeures telles que la grande pyramide de Gizeh. Découverte en 1925, sa sépulture renfermait d’impressionnants meubles dorés, le plus ancien exemple de jarres canopes intactes ainsi que de nombreux bijoux, incluant une vingtaine de bracelets.
Dans le cadre de travaux publiés dans le Journal of Archaeological Science : Report, une équipe internationale de chercheurs a analysé leur composition et découvert qu’ils étaient faits de cuivre, d’or et de plomb. Ceux-ci présentaient également des incrustations de turquoise, de lapis-lazuli et de cornaline. Des pierres semi-précieuses couramment utilisées par les anciens Égyptiens pour fabriquer leurs bijoux.
De façon plus surprenante, il s’est avéré que les artefacts, dont l’un représentait un papillon, contenaient également des traces d’argent, métal précieux pour lequel il n’existait aucune source locale connue en 2600 avant J.-C., lorsque les pièces ont été créées.
Ancient Egyptian queen’s bracelets contain 1st evidence of long-distance trade between Egypt and Greece https://t.co/TcGr3wVUlA
— Live Science (@LiveScience) June 1, 2023
L’analyse des isotopes du plomb a révélé une correspondance étroite avec les minerais d’argent extraits des mines des Cyclades, îles grecques de la mer Égée, et de Lávrio, ville située à une soixantaine de kilomètres d’Athènes. De telles découvertes constituent la première preuve d’un commerce longue distance entre l’Égypte et la Grèce au début de l’Ancien Empire, correspondant à l’apogée de la construction des pyramides.
Un processus de fabrication complexe
L’étude a également permis d’éclairer le processus de fabrication des bijoux.
« Ces bracelets ont été créés en martelant du métal travaillé à froid avec un recuit fréquent [un processus de chauffage] pour éviter les fissures », explique Damian Gore, chercheur à l’université Macquarie et co-auteur de l’étude. Il est également probable que l’or ait été incorporé afin de faciliter leur façonnage et d’améliorer leur aspect.
Selon l’équipe, la mise au jour antérieure de plusieurs objets en argent dans des sépultures datant de la fin du quatrième millénaire avant notre ère à Byblos, dans l’actuel Liban, suggère que l’argent utilisé pour créer les bracelets d’Hétep-Hérès Ire aurait transité par son port.