C’est ce qu’on peut appeler un « retour de bâton » : après avoir longtemps minimisé l’importance du coronavirus, le président brésilien, Jair Bolsonaro, a annoncé mardi soir avoir été testé positif. Toutefois, même à présent, il continue de très peu porter de masque et de minorer le virus.
Le président brésilien, Jair Bolsonaro, a été testé positif au coronavirus. C’est ce qu’il a lui-même annoncé mardi. « Le résultat positif (du test) vient d’arriver », a-t-il annoncé face à plusieurs chaînes de télévision. Il avait eu de la fièvre la veille. « Ça a commencé dimanche, je me sentais pas très bien, ça s’est aggravé lundi, j’ai ressenti de la fatigue et j’ai eu 38 degrés de fièvre », a-t-il révélé. « J’ai fait une radio à l’hôpital (…) et mes poumons étaient propres. Les médecins m’ont donné de l’hydroxychloroquine et de l’azithromycine (un antibiotique) et après je me suis senti mieux. Je vais parfaitement bien. »
Depuis le début de la pandémie (qui a fait 65 000 morts au Brésil), il n’a eu de cesse de nier son importance. Fin mars, il affirmait ainsi : « Vu mon passé de sportif, si j’étais contaminé par le virus, je n’aurais pas à m’inquiéter. Je ne sentirais rien. Au pire, ce serait comme une petite grippe, un petit rhume. » Il était opposé aux mesures de confinement que les gouverneurs des États mettaient en place. Selon lui, « la panique tue aussi. Le virus est comme la pluie, il atteint tout le monde, même si les personnes âgées doivent faire plus attention. » La priorité selon ses dires était de préserver l’économie afin d’éviter le « chaos social« .
L’annonce de sa contamination n’a pas semblé changer quoi que ce soit à son opinion sur le sujet. Il s’est voulu rassurant : « En tant que président, je suis toujours en première ligne. La vie continue, il faut faire attention avec les personnes âgées, mais pas la peine de paniquer. » Il a même enlevé son masque à la fin de l’intervention, en affirmant « comme ça vous pouvez voir mon visage et constater que je vais bien !« . Il a souvent été vu, au cours des derniers mois, lors de grands rassemblements avec ses sympathisants, sans masque. Lundi encore, il a assoupli une loi sur le port du masque en retirant l’obligation qui était faite de le porter dans les commerces, les usines, les lieux de culte et les prisons. Samedi, il était présent à la résidence de l’ambassadeur américain au Brésil, pour les célébrations de la fête nationale américaine, et on a pu voir des photos où il ne portait pas de masque, ce à quoi on a pu lui reprocher de ne pas montrer le bon exemple.
Grand admirateur de Donald Trump, il est également un farouche défenseur de l’hydroxychloroquine, dont l’efficacité n’a pourtant jamais été prouvée scientifiquement pour les cas de coronavirus. « Je me suis senti mal, mais si j’avais pris de l’hydroxychloroquine de façon préventive, je ne présenterais aucun symptôme », a-t-il ajouté. Le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, lui a souhaité un « rapide rétablissement« . De son côté, le gouverneur de São Paulo, João Doria, un de ses plus farouches opposants, lui a souhaité de se rétablir : « Qu’il suive les orientations de la médecine et il sera bientôt sur pied », allusion à son opposition aux recommandations des médecins. Le responsable des urgences sanitaires de l’OMS, Michael Ryan, a estimé que « prince ou pauvre, nous sommes tous également vulnérables » face au virus.