Entre des séries, animes, films, livres et jeux vidéo… de nombreux loisirs se sont démocratisés. Et, bien souvent, on pense suivre les recommandations de nos proches pour ces mêmes loisirs, alors que la réalité est tout autre. Ce sont bien souvent des techniques marketing et publicitaires ainsi que des études sur vos données qui orientent vos choix de divertissement.
L’effet longue traîne
Cette “longue traîne” désigne la partie d’une courbe bien connue des économistes, qui permet de mettre en relation le rapport entre trafic par mot-clé et part dans le trafic du site. La longue traîne est constituée de mots peu utilisés, synonymes peu connus, etc., qui sont des recherches très spécifiques. Pour les sites spécialisés dans un domaine, il est donc facile d’être bien positionné sur les différents moteurs de recherche quand une personne utilise ce type de mots-clés spécifiques.
Les grosses plateformes de streaming savent très bien exploiter cet effet. En effet, Netflix par exemple, peut se permettre de créer du contenu moins mainstream, dit “de niche”. Le public sera plus petit par rapport à une grosse production, mais très fidèle, et cela présente de nombreux avantages. D’une, cela permet de fidéliser une audience satisfaite de trouver des contenus aussi spécifiques. De deux, c’est un argument marketing conséquent : Netflix peut se targuer d’avoir des contenus divers, qui peuvent satisfaire tous les goûts, et qui n’oublient pas de représenter les minorités.
Les réseaux sociaux et le traitement des données
Sans même s’en rendre compte, on partage chaque jour avec des proches comme des inconnus ce que nous regardons et aimons comme loisirs. Et c’est justement en analysant tout ce qui est partagé sur Facebook, Instagram ou encore Twitter, que les entreprises qui oeuvrent dans le domaine du divertissement orientent leurs activités. Suivre en temps réel les tendances est crucial : pour identifier la chanson qui fait un “bad buzz”, le film qui n’était pas forcément attendu et pourtant qui cartonne, la série à gros budget mais qui est un “flop”…
Tout cela permet de revoir sans cesse les stratégies marketing et de communication. Par exemple, beaucoup de personnes peuvent détester un show uniquement à cause d’une campagne jugée trop présente : il est donc important de trouver un équilibre entre faire la promo d’un produit culturel et le tuer avant même sa sortie à cause d’erreurs stratégiques. Une étude du CNC publiée en septembre 2018 à propos des pratiques digitales des salles de cinéma relève justement l’importance du potentiel des réseaux sociaux dans le 7e art.
Les réseaux sociaux sont aussi une arme pour ces entreprises : les influenceurs jouent un rôle stratégique dans la communication. Il est plus rentable et efficace d’inviter certaines personnes très suivies sur les réseaux à des soirées ou avant-premières plutôt que payer des affiches publicitaires dans la rue.
Les indices de consommation
Les “analytics” désignent les statistiques élaborées à partir des données qui constituent le Big Data. L’une d’entre elles est particulièrement intéressantes : l’index de Hawking, qui tire son nom de ce qui a été constaté avec le livre Une brève histoire du temps de Stephen Hawking. Pour faire simple, il s’agit d’une valeur en pourcentage attribuée aux livres électroniques estimée à partir des cinq passages surlignés par les lecteurs et comparée à la longueur totale du livre. Le but est de comprendre jusqu’où les lecteurs vont dans leur lecture avant d’abandonner un livre. Par exemple, si sur un livre de 250 pages, c’est autour de la page 250 que les passages surlignés sont nombreux, l’index vaut 100 % (les lecteurs et lectrices ont donc terminé le livre). C’est à partir de ce type de calculs qu’Amazon établit ses recommandations sur son site, ou peut décider quels seront les films ou séries à racheter ou produire pour leur plateforme Prime.
Plus le temps passe, plus des méthodes qui visent à comprendre à quel point les gens “s’engagent” avec le contenu qu’ils consomment sont élaborées. L’engagement peut par exemple se mesurer avec le nombre de likes, tweets, posts et réactions concernant une production. L’intelligence artificielle, grâce à ces données, parvient même à deviner ce qui fonctionnera ou non. Epagogix, une entreprise spécialisée dans le domaine, a créé une IA capable de prédire le succès commercial d’un film : le taux de justesse de ses prédictions est à 75 %.
Comme vous l’aurez compris, ces différentes méthodes sont mises en place de façon à toujours vous proposer des divertissements à vos goûts afin de vous inciter à toujours consommer plus…Et nul doute que la technologie continuera de permettre aux entreprises d’orienter leurs futures productions culturelles, en bien ou en mal.
Par Yasmine Amimoussa, le
Source: Curiosity
Étiquettes: Marketing, influence, big-data, Netflix
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