Imaginez un monde où il n’y a plus ni terres ni océans : seules des îles volantes subsistent, servant de continents à des humains qui portent des ailes, symboles de leur âme. Ce monde, c’est celui de Baten Kaitos. Ce RPG novateur a peut-être poussé certains d’entre vous à acquérir une GameCube à l’époque de sa sortie. Pourtant aujourd’hui, il est encore méconnu des joueurs malgré une direction artistique remarquable et un scénario surprenant. Retour sur ce petit bijou qui aurait pu ne jamais arriver sur nos consoles.
Baten Kaitos : les Ailes éternelles et l’Océan perdu est sorti sur GameCube en 2005. Et pourtant, son arrivée chez nous a failli être compromise. A cause de ventes trop faibles aux Etats-Unis, Nintendo a hésité à ajouter ce titre au catalogue européen de la GameCube. Il est arrivé en France, mais à cause d’une trop faible campagne commerciale (même si le titre a eu droit à sa propre publicité que vous pouvez découvrir juste en dessous), les joueurs l’ont boudé. Une absence d’intérêt qui fait qu’aujourd’hui, Baten Kaitos est l’un des jeux de GameCube les plus difficiles à ajouter à sa collection. Et pour cause : en plus de sa rareté, le jeu propose une approche inédite du RPG.
Développé par Monolith Soft, studio japonais connu pour avoir développé Xenoblade Chronicles et sa suite, Baten Kaitos vous surprend d’entrée de jeu car vous ne contrôlez pas le héros de l’histoire. Ou plutôt vous le contrôlez mais indirectement car vous incarnez son ange gardien. En tant qu’entité divine, vous veillez sur Kalas, le héros du jeu, en lui indiquant la voie à suivre, en répondant aux questions de certains personnages et en orientant Kalas dans ses choix moraux.
En effet, le jeune homme est animé par un désir : celui de venger la mort de son grand-père et de son frère. Mais sa mission ne sera pas facile car, contrairement aux autres humains qui possèdent des ailes représentant leur cœur, lui n’en a qu’une : sa deuxième aile est mécanique. Et sans le savoir, son désir de vengeance va se changer en mission pour sauver les îles d’un fléau millénaire.
S’il reste classique dans son fond (le jeu alterne entre discussions avec des PNJ, exploration de zones et combats de monstres), c’est dans sa forme que Baten Kaitos réinvente le RPG. Tout d’abord, quand vous parcourez le monde, les ennemis sont visibles à l’écran. Pas de mauvaises surprises donc et vous pouvez, si vous ne voulez pas affronter un monstre, le contourner. Ensuite, le système de combat propose des fonctionnalités originales.
Il repose sur un principe utilisé dans de nombreux titres à savoir le tour par tour, mais au lieu de se positionner ou de choisir quelle attaque faire, le joueur choisit l’action qu’il veut effectuer grâce à un système de cartes. Chaque personnage possède un nombre limité de cartes et vous pouvez les utiliser, une fois le tour du personnage venu, pour enchaîner les attaques, vous soigner ou gagner des bonus. En bon stratège, vous devez donc gérer votre deck de cartes pour optimiser les actions de vos combattants. Et si vos relations avec les personnages sont bonnes, ceux-ci, notamment Kalas, peuvent lancer des attaques dévastatrices. Un gameplay surprenant, au même titre que l’univers du jeu.
Avec son histoire s’étendant sur plusieurs millénaires et un univers très fantasy, Baten Kaitos est graphiquement exceptionnel. Les décors en 2D aux inspirations tantôt sombres, tantôt inspirées par la nature, sont comme de véritables tableaux dans lesquels les personnages en 3D évoluent. Et pour renforcer l’immersion, le titre dispose d’une bande originale composée par Motoi Sakuraba, compositeur derrière les bandes originales des jeux Tales of, de la saga Golden Sun, des jeux Star Ocean ou encore de Dark Souls.
Si Baten Kaitos est arrivé chez nous, la licence ne se limite pas à un seul jeu. Il existe une préquelle au jeu, baptisée Baten Kaitos Origins. Son histoire se déroule 20 ans avant les événements de Baten Kaitos premier du nom et permet de mieux comprendre certains détails évoqués dans le jeu que nous connaissons. Celui-ci est sorti au Japon et aux Etats-Unis sur GameCube en 2006, mais n’est jamais arrivé en Europe, une nouvelle fois à cause de ses ventes trop faibles et malgré plusieurs annonces de sortie. La série a également failli avoir un opus DS, mais Nintendo a annulé le projet. Enfin, pour la petite anecdote, le jeu tire son nom d’une étoile qui compose la constellation de la Baleine. Une information à laquelle les créateurs du jeu font référence avec les Greythornes, ces petits monstres aquatiques tout mignons semblant nés du croisement entre un dauphin et une baleine.
Baten Kaitos fait partie de ces titres enchanteurs qui ont marqué la GameCube au même titre que Final Fantasy Crystal Chronicles. Si son gameplay peut surprendre au premier abord, son univers porté par d’incroyables graphismes et une bande-son imaginée par un grand nom du métier envoûtent dès les premières minutes de jeu. Même si un seul épisode est arrivé sur nos consoles, il a toutes les qualités pour séduire les amateurs de RPG. Une vraie merveille que nous vous conseillons d’essayer !