Considérée comme le 9e art, la bande dessinée s’est imposée comme un genre littéraire à part entière. D’abord simplement pensée pour divertir les adultes dans les journaux, elle s’est démocratisée pour séduire les lecteurs de tous âges. Dans ce domaine, la bande dessinée franco-belge est devenue une institution à l’histoire aussi riche que les héros et auteurs qui ont fait sa renommée. Retour sur les origines de ce genre présent dans presque toutes les bibliothèques.
Que ce soit dans les rayons des bibliothèques ou dans les allées des plus grands festivals comme celui d’Angoulême, les pages des bandes dessinées tournent activement depuis le milieu du XXe siècle. Popularisée par de grands noms comme Hergé, Morris ou encore Goscinny et Uderzo, elle tient en haleine des millions de lecteurs à travers des histoires plus ou moins longues où l’humour, l’action et l’aventure sont souvent au rendez-vous.
LA BANDE DESSINÉE FRANCO-BELGE EST L’UNE DES PLUS APPRÉCIÉES
Dans ce domaine qui compte des milliers d’auteurs et d’histoires, la bande dessinée franco-belge est d’ailleurs l’une des plus appréciées. Ses auteurs ont réussi grâce à leurs œuvres intemporelles, leurs coups de crayon, leurs innovations et leurs héros qui sont devenus incontournables. Cependant, avant d’être ce que nous connaissons, la bande dessinée a connu de nombreuses évolutions et son histoire s’est construite pas à pas, comme les cases qu’on lit progressivement.
Pour mieux comprendre ce genre littéraire, un petit bond dans le passé s’impose. La création de la bande dessinée est assez récente et en cela, elle partage encore quelques points communs avec ce qu’elle était à ses débuts. Pour beaucoup, c’est aux États-Unis que seraient apparues les premières planches de BD, celles de The Yellow Kid apparues en 1896. Ce petit héros vêtu de jaune qui parlait via les premières bulles est le premier héros publié à avoir une série.
LA BANDE DESSINÉE A VU LE JOUR EN SUISSE
Pourtant, la bande dessinée est apparue bien avant l’arrivée de The Yellow Kid, et c’est en Suisse qu’elle a vu le jour. Rodolphe Töpffer aurait ainsi créé en 1833 Monsieur Jabot, le héros de dessins commentés considéré comme le premier personnage de bande dessinée. Il s’agit du premier héros diffusé à grande échelle et donc du père de la bande dessinée telle que nous la connaissons.
Si ses origines remontaient à 1833, la bande dessinée franco-belge a vu le jour plus de 50 ans plus tard à la fin du XIXe siècle, dans les dernières pages des journaux hebdomadaires. Cette arrivée des bandes dessinées dans les journaux est d’ailleurs inspirée de leurs rivaux américains, les comics qui ont fait leurs premières apparitions dans de grands quotidiens.
Indissociable pour beaucoup des périodiques, c’est bien dans l’équivalent des magazines modernes que la bande dessinée a vu le jour et a été popularisée. C’est Christophe (de son vrai nom Georges Colomb), un auteur français, qui va dessiner les premiers héros du genre en s’inspirant du travail de Töpffer. Il imagine des histoires dont les dessins se succèdent, jouent sur les gros plans et mettent également un double niveau de lecture car, à la fin du XIXe siècle, l’auteur écrivait des histoires destinées aussi bien aux adultes qu’aux enfants comme La Famille Fenouillard ou Le Sapeur Camember.
En Belgique, l’arrivée et l’évolution de la bande dessinée sont identiques. Le genre va lui aussi faire ses premiers pas dans Humoristisch Album avec les créations de Jan Linse dès 1874. Tout comme en France, ce sont des revues illustrées (à savoir De Kindervriend et Het Mannekensblad), publiées dès 1911 qui vont populariser la bande dessinée. Ce sont cependant les premières aventures de Tintin datant d’avant-guerre qui vont être le mouvement déclencheur et qui vont inspirer de grands auteurs à publier leurs histoires.
Dès 1938, Franquin (Gaston Lagaffe), Morris (Lucky Luke), Peyo (Les Schtroumpfs), Roba (Boule et Bill) et bien d’autres vont alors faire les belles heures de Spirou, un journal belge entièrement consacré à la bande dessinée dans laquelle le célèbre groom vêtu de rouge va vivre ses premières aventures. Il sera suivi après-guerre du Journal de Tintin qui, contrairement aux histoires humoristiques de Spirou, met en avant l’action avec des héros comme Blake et Mortimer, Alix, Rick Hochet ou encore Michel Vaillant. En France enfin, c’est Vaillant devenu par la suite Pif Gadget qui divertira les petits lecteurs dès les années 50.
AVANT LA SECONDE GUERRE MONDIALE, LA BANDE DESSINÉE ÉTAIT CONSIDÉRÉE COMME UNE LECTURE DESTINÉE AUX ENFANTS
Malgré sa popularité, la bande dessinée a été considérée à l’époque et notamment avant et après la Seconde Guerre mondiale comme une lecture destinée uniquement aux enfants. C’est d’autant plus troublant que dans les années 30, un rival de taille arrive en Europe : les comics (alors bande dessinée destinée à un public adulte) et leur lot d’aventures truffées d’action. Il faudra attendre les années 60 et l’arrivée d’un petit gaulois dans les pages du magazine Pilote, pour que le genre connaisse un vrai intérêt de la part des éditeurs avec les aventures d’Astérix mais aussi d’Achille Talon, de Tanguy et Laverdure ou encore Valérian.
Passées les années 60, la bande dessinée va connaître quelques évolutions, notamment des expérimentations graphiques et narratives ainsi que la naissance des maisons d’édition consacrées à cette nouvelle lecture qui fascine tous les âges comme Soleil, Delcourt ou encore Glénat. Depuis, le succès de la bande dessinée n’a jamais cessé de croître, et ce, malgré deux autres concurrents de taille venus des États-Unis et du Japon : les comics et les mangas.
Apparue en 1833 mais popularisée seulement 100 ans plus tard, la bande dessinée a une histoire aussi fascinante que celles imaginées par ses plus grands auteurs. D’abord pensée pour divertir les adultes, elle a su se moderniser et se diversifier afin de toucher toutes les tranches d’âge. Quel que soit le thème de leurs histoires, les auteurs franco-belges l’ont élevée à un autre niveau, permettant à des millions de jeunes lecteurs de vivre d’incroyables aventures. Au vu de leur succès auprès des jeunes comme des moins jeunes, la bande dessinée a encore de beaux jours devant elle et elle n’a pas fini de siéger sur nos étagères.