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Les scientifiques ont peut-être trouvé un moyen de sauver la banane de l’extinction

Une maladie fongique appelée fusariose menace la production mondiale de bananes

banane
― Hanna_photo / Shutterstock.com

La banane, un fruit commun à travers le monde, fait partie de notre alimentation quotidienne depuis des générations. Cependant, peu de gens savent que la banane que nous consommons aujourd’hui est différente de celle que nos grands-parents mangeaient. Alors que la variété actuelle, appelée Cavendish, est celle que nous connaissons, une autre, appelée Gros Michel, dominait autrefois les étals des épiceries. Malheureusement, cette nouvelle variété est aujourd’hui à son tour menacée. 

De Gros Michel à Cavendish

Jusque dans les années 1950, la variété de banane Gros Michel régnait en maître sur les marchés. Cependant, cette ère a pris fin lorsqu’un champignon appelé Fusarium oxysporum, race 1, a commencé à décimer les cultures de Gros Michel à travers le monde. Cette maladie, connue sous le nom de fusariose (ou FWB, « Fusarium wilt of banana »), a ravagé les plantations en pénétrant dans le système vasculaire des plantes, les privant d’eau et de nutriments essentiels, jusqu’à ce qu’elles meurent.

Pour pallier cette catastrophe agricole, les biologistes ont introduit une nouvelle variété de banane, la Cavendish, résistante à la race 1 de Fusarium oxysporum. Cette banane est devenue la norme sur les étals du monde entier. Toutefois, au fil des décennies, une nouvelle menace est apparue : une souche différente du même champignon, appelée race tropicale 4 (TR4).

Li-Jun Ma, génomicienne et professeure de biochimie et biologie moléculaire à UMass Amherst, a consacré une décennie à l’étude de l’évolution génétique de Fusarium oxysporum. Ce champignon, en réalité un complexe d’espèces, est capable de provoquer des maladies chez plus de 120 espèces de plantes, y compris les bananes, et certaines de ses souches peuvent même infecter l’Homme.

Comprendre le génome de Fusarium oxysporum

En 2010, l’équipe de recherche dirigée par Li-Jun Ma a découvert que le génome de Fusarium oxysporum est divisé en deux parties : un génome central, partagé par toutes les souches, responsable des fonctions de base de la cellule, et un génome accessoire, spécifique à chaque souche, qui contient les gènes nécessaires pour infecter des hôtes spécifiques. Cette organisation en deux parties permet à F. oxysporum de s’adapter et d’infecter une grande variété de plantes.

Les recherches récentes ont révélé que la souche TR4, qui menace actuellement les bananes Cavendish, a évolué de manière indépendante par rapport à la souche qui a anéanti la Gros Michel. Son génome accessoire diffère significativement, ce qui lui confère la capacité de contourner les défenses de la banane Cavendish.

L’étude de l’interaction entre la souche TR4 et la banane Cavendish a révélé un mécanisme d’infection unique. Certains gènes accessoires de TR4 produisent de l’oxyde nitrique, un gaz toxique qui affaiblit le système de défense de la plante. Ce gaz permet au champignon de prendre le contrôle de la plante, tandis que ce dernier produit en parallèle des composés chimiques qui neutralisent l’effet toxique de l’oxyde nitrique pour se protéger lui-même.

Diversifier les cultures pour protéger l’avenir des bananes

La propagation rapide de TR4 à travers le monde met en lumière une des faiblesses de l’agriculture moderne : la dépendance excessive à une seule variété de banane. La domination de la banane Cavendish sur les marchés mondiaux a rendu cette culture vulnérable à des maladies comme la fusariose. Une des solutions pour protéger les bananes est d’encourager la diversité des variétés cultivées.

Les chercheurs et agriculteurs travaillent ensemble pour identifier ou développer des variétés de bananes résistantes ou tolérantes à TR4. En parallèle, l’idée de concevoir des piégeurs d’oxyde nitrique pour neutraliser la toxicité générée par la souche TR4 pourrait offrir une nouvelle voie de protection pour les plantations de Cavendish.

Les consommateurs ont également un rôle clé à jouer dans cette lutte contre l’extinction de la banane. En diversifiant leurs choix alimentaires et en achetant d’autres variétés de bananes disponibles sur le marché, ils encouragent la diversité génétique dans les cultures. Cette diversification pourrait à terme réduire la pression des maladies sur une seule variété et contribuer à la durabilité de la production. Par ailleurs, voici 10 bienfaits insoupçonnés de la banane pour votre santé.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: Science Alert

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