S’il est depuis longtemps reconnu que les baleines à bosse utilisent des vocalises complexes pour communiquer entre elles, une nouvelle étude vient de démontrer que des cétacés pourtant séparés par des milliers de kilomètres étaient également capables de partager leurs chants.
Quand les baleines à bosse mâles partagent leurs chants
Dans le cadre de cette étude récemment publiée dans la revue Royal Society Open Science, Melinda Rekdahl de la Wildlife Conservation Society a dirigé une équipe qui a suivi pendant plusieurs années l’évolution du chant de baleines à bosse mâles évoluant au large des côtes du Gabon et de Madagascar. Bien que les chercheurs n’aient pas encore complètement décodé ces étranges chants, intervenant majoritairement durant la saison de reproduction, plusieurs théories estiment qu’ils constitueraient pour les mâles un moyen de « flirter avec les femelles » et de signifier leur présence aux autres prétendants.
En dépit de la distance de près de 5 000 kilomètres séparant les groupes de cétacés observés, les chercheurs ont découvert avec stupéfaction que les baleines à bosse mâles étaient capables d’échanger leurs chants. Bien que leurs vocalises varient d’une année à l’autre, la plupart des mâles semblent s’éloigner les uns des autres en émettant des variations sonores de même type. Le continent africain constituant une barrière terrestre évidente pour ces différentes populations durant la saison de reproduction, les scientifiques ont émis l’hypothèse que ces échanges d’informations ont lieu lorsque les baleines migrent vers l’Antarctique pour se nourrir.
Une façon efficace d’ajouter des nuances exotiques à leur arsenal de séduction et de dissuasion
Au cours de cette longue migration, les baleines à bosse mâles sont plus susceptibles de rencontrer d’autres populations de cétacés produisant des chants différents, qu’elles vont mémoriser et réutiliser lorsqu’elles reviendront dans leurs aires de reproduction respectives. Pour faire simple, les mâles évoluant habituellement dans des zones éloignées vont mutuellement s’inspirer de leurs chants afin de tirer leur épingle du jeu au moment de la reproduction en ajoutant des nuances exotiques à leur arsenal de séduction… et de dissuasion. Une dynamique similaire a également été observée entre les populations de baleines à bosse de l’ouest et de l’est de l’Australie.
L’acquisition de nouveaux chants démontre les fortes connexions existant entre différentes populations d’espèces migratrices, ce même si ces dernières sont séparées par un continent entier pendant une bonne partie de l’année. Pour l’instant, les recherches effectuées n’ont pas permis de confirmer que cette tendance s’appliquait également aux femelles, étant donné que l’échantillon étudié était uniquement composé de baleines à bosse mâles. À l’avenir, les chercheurs aimeraient incorporer un échantillon de plus grande taille, prenant en compte les baleines à bosse brésiliennes mâles ainsi que d’autres populations de l’hémisphère sud, afin de savoir quelle distance peuvent parcourir ces fameux chants partagés.
Par Yann Contegat, le
Source: My Modern Met
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