Un événement presque aussi spectaculaire que tout ce qu’a écrit William Shakespeare a fait surface dans les annales de son héritage. Un document a été découvert dans le grenier de la maison de Shakespeare à Stratford, en Angleterre. Le document, signé « J. Shakespeare », a longtemps été attribué par les historiens au père de William, John. Cependant, une étude récente menée par des chercheurs de l’université de Bristol et publiée dans Shakespeare Quarterly affirme que ce dernier n’était pas l’auteur du document en question.
Un document controversé
Au cœur de cette affaire se trouve un manuscrit connu sous le nom de Testament spirituel, signé par un certain J. Shakespeare, qui a été retrouvé dans les chevrons de la maison des Shakespeare à Stratford-upon-Avon en 1757. Ce J. Shakespeare a été interprété par les historiens comme étant John Shakespeare. Le document est donc choquant parce qu’il contient une déclaration d’allégeance de l’auteur à la foi catholique et son désir de mourir d’une mort catholique.
Cela aurait été une grave hérésie sous le règne d’Élisabeth Ire, la reine protestante, à l’époque où vivait John Shakespeare. Cette découverte posait un défi aux historiens : attribuer ce testament à John Shakespeare suggérait une prise de position religieuse périlleuse pour la famille du dramaturge.
Selon Matthew Steggle, professeur de littérature à l’université de Bristol, il n’y a qu’un problème : John n’a pas écrit la pièce. Il s’agit plutôt de Joan Shakespeare Hart, la sœur de William, qui est restée dans la maison des Shakespeare jusqu’à sa propre mort en 1646, soit trente ans de plus que son frère.
L’énigme résolue
Steggle pense qu’elle est l’auteur le plus probable du document car une grande partie de celui-ci a été largement emprunté à un ouvrage italien The Last Will and Testament of the Soul, un document qui a été rédigé après la mort de John en 1601. Cette découverte, qui a nécessité beaucoup de recherches et de travail, recontextualise considérablement le texte.
Après la mort d’Élisabeth Ire en 1603, Jacques Ier, un protestant qui se réjouissait de son approche plus permissive de la religion, est monté sur le trône d’Angleterre. Les confessions de dévotion catholique étaient donc beaucoup moins dangereuses sous le règne de Jacques Ier.
Au début du XXe siècle, le théologien Herbert Thurston a découvert un pamphlet religieux datant de 1661 qui présente des similitudes remarquables avec le Testament spirituel. Rédigé en espagnol, le traité est attribué à saint Charles Borromée, mort en 1584. Cela correspondait à l’époque de la vie de John Shakespeare. Mais Steggle découvre que le texte a été enregistré en italien en 1613 et est attribué à Silvestro Ferrari, le confesseur du chanoine Girolamo Verduro.
Joan Shakespeare Hart
Cette découverte donne un aperçu d’un type de femme que l’histoire a tendance à négliger. Selon Steggle, il ne reste que sept documents de la vie de Joan qui la mentionnent même par son nom. Virginia Woolf a publié l’essai bien connu Shakespeare’s Sister, dans lequel elle explique qu’une personne comme elle n’a jamais pu aspirer à devenir écrivain ou à voir ses écrits préservés. Si son frère a laissé derrière lui des centaines de milliers de mots qui ont été sauvegardés, elle n’en a laissé aucun jusqu’à présent.
Comme le note Steggle dans son article, Joan Shakespeare Hart est pratiquement inconnue bien qu’elle soit la sœur de l’auteur le plus connu de l’histoire occidentale. Elle est en fait la « sœur de Shakespeare » de l’essai bien connu de Virginia Woolf de 1925, une figure tellement prisonnière des conventions de genre qu’il semble n’y avoir aucune chance de trouver quoi que ce soit qu’elle ait écrit ou créé.
Néanmoins, au moment où Woolf a écrit son essai, une déclaration très privée de ses croyances religieuses était peut-être dans le domaine public depuis plus d’un siècle. Si le présent essai est exact, il est à la fois approprié et ironique pour l’argumentation de Woolf que le témoignage spirituel de Joan ait été attribué à tort à son père pendant si longtemps. Par ailleurs, voici 6 faits méconnus sur William Shakespeare, l’un des plus grands dramaturges de tous les temps.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Source: Science Alert
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