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Après son inaction face au massacre des Rohingyas, Aung San Suu Kyi est une icône déchue

C’est un véritable coup de tonnerre qui a résonné au sein d’Amnesty International il y a quelques jours. L’ONG en faveur des droits de l’Homme a officiellement annoncé avoir retiré à Aung San Suu Kyi son titre d’Ambassadrice de la conscience. Une action forte liée à la négligence et le déni dont a fait preuve la chef d’État de la Birmanie.

 

POURQUOI AVOIR ÉTÉ NOMMÉE AMBASSADRICE DE LA CONSCIENCE ?

Aung San Suu Kyi (chef de l’État de la Birmanie depuis 2016), a obtenu en 2009 ce titre décerné par Amnesty International. Cette récompense est la plus prestigieuse que peut remettre l’association et elle rend hommage aux actions engagées par une personne en faveur des droits de l’Homme.

Dans le cas d’Aung San Suu Kyi, cela concernait son combat pacifique et non violent contre la dictature militaire de son pays. Cela lui avait valu d’être assignée à résidence et jugée pour trouble à l’ordre public. Ce n’est qu’en 2013 que l’activiste a pu recevoir son prix.

À l’époque, elle avait demandé à Amnesty International de « garder votre regard et votre esprit tournés vers nous et de nous aider à devenir le pays où l’espoir rencontre l’Histoire ». Des paroles qui ont cependant disparu quand l’ambassadrice est devenue chef du pays.

© Wikimédia / Claude TRUONG-NGOC

 

INDIFFÉRENCE ET INTOLÉRANCE

Suite à son arrivée au pouvoir en avril 2016, son gouvernement est allé à l’encontre de ses principes. L’armée notamment a commis meurtres, actes de violence, tortures et viols sur des milliers de Rohingyas.

A cause de cette discrimination aux allures d’apartheid, ce sont plus de 720 000 Rohingyas qui ont fui la Birmanie pour se réfugier au Bangladesh. S’il est vrai que le gouvernement ne contrôle pas les actes de l’armée, il peut faire la lumière sur la terrible situation vécue par ces milliers de personnes. Or, Aung San Suu Kyi a minimisé et parfois nié de telles violences.

Ce refus de reconnaître les actes proférés par l’armée ne se limite pas aux violences dont sont victimes les Rohingyas. Le gouvernement, hostile envers cette communauté qu’elle qualifie de « puces humaines détestables », a émis des restrictions vis-à-vis des aides humanitaires qui leur sont apportées. Vivant dans des conditions misérables et où l’aide est limitée, les Rohingyas continuent de souffrir en silence sans que la chef de l’Etat n’agisse en leur faveur.

 

UN TITRE RETIRÉ DEPUIS PEU

Cette négligence totale envers son rôle d’ambassadrice lui a valu le retrait de sa récompense en date du 11 novembre 2018. Kumi Naidoo, secrétaire général d’Amnesty International, a écrit une lettre à Aung San Suu Kyi expliquant cette décision mais aussi la déception de l’organisation face à l’inaction terrible de leur ancienne ambassadrice.

« Aujourd’hui, nous sommes profondément déçus que vous ne soyez plus un symbole d’espoir, de courage et de défense inlassable des droits humains. Amnesty International ne peut pas justifier le maintien de votre statut de lauréate du prix d’Ambassadrice de la conscience et c’est avec une grande tristesse que nous vous le retirons. »

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