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La polyarthrite rhumatoïde liée à un déséquilibre du microbiote intestinal

Cette maladie auto-immune se révèle deux à trois fois plus fréquente chez les femmes

— anut21ng Stock / Shutterstock.com

Une étude préclinique a établi une corrélation directe entre les lésions de la muqueuse intestinale, l’inflammation des articulations et la gravité de l’arthrite, suggérant le rôle majeur du déséquilibre du microbiote intestinal dans le développement de ce trouble.

Étudier les liens entre la gravité de l’arthrite et l’affaiblissement de la paroi intestinale

Ces dernières années, différentes recherches ont mis en évidence des liens étroits entre les anomalies du microbiote intestinal et la polyarthrite rhumatoïde, et l’augmentation des populations de certains types de mauvaises bactéries a souvent été associée à la gravité de la maladie. Cependant, la manière exacte dont les bactéries intestinales peuvent influencer l’inflammation des articulations reste assez obscure.

Plusieurs mécanismes ont été envisagés, allant des bactéries intestinales modulant le développement des cellules inflammatoires spécifiques responsables de l’arthrite à des métabolites bactériens particuliers contribuant à la gravité de la maladie. Dans le cadre de travaux publiés dans la revue Med, les chercheurs de l’University College de Londres ont examiné une autre hypothèse causale, en se concentrant spécifiquement sur les liens entre la gravité de l’arthrite et l’affaiblissement de la paroi intestinale induit par les bactéries.

« Nous voulions savoir ce qui se passait dans l’intestin et si les modifications de la paroi intestinale – qui agit habituellement comme une barrière pour protéger l’organisme des bactéries – étaient une caractéristique de la maladie et contribuaient à son développement », explique Claudia Mauri, co-auteure de l’étude.

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Des résultats préliminaires avaient montré que les souris élevées pour présenter une prédisposition génétique à la perméabilité intestinale développaient également des signes d’arthrite grave. Un autre modèle de souris, conçu pour développer une arthrite induite par le collagène, présentait un gonflement articulaire réduit lorsque la perméabilité intestinale était améliorée.

Des analyses sanguines révélatrices

En examinant des patients humains, les chercheurs ont constaté que ceux qui souffraient de polyarthrite rhumatoïde présentaient des taux sanguins plus élevés de lipopolysaccharide (LPS), de protéine de liaison au LPS (LBP) et de protéine de liaison aux acides gras intestinaux. Toutes ces molécules sont des biomarqueurs connus des lésions intestinales, et les niveaux de LBP semblent étroitement liés à la gravité de la maladie.

« Nous avons montré que, dans l’arthrite, la muqueuse intestinale est profondément endommagée et ne joue plus correctement son rôle de barrière, avec une accumulation de globules blancs dans l’intestin provoquant une inflammation », écrivent les chercheurs. « Lorsque les bactéries traversent la frontière interdite de la muqueuse intestinale, la réparation des défauts de perméabilité intestinale avec des médicaments spécifiques inhibe l’inflammation articulaire. »

L’équipe souligne toutefois que la recherche ne peut pas expliquer complètement la chaîne de mécanismes liant cet affaiblissement de la paroi intestinale à la polyarthrite. Ainsi, bien que la modulation du degré de perméabilité intestinale se soit avérée directement liée à l’inflammation articulaire, il reste encore des chaînons manquants dans cette relation, n’ayant pas encore été décrits.

Une potentielle cible thérapeutique

Selon Mauri, de tels résultats suggèrent cependant que l’intestin pourrait constituer une cible thérapeutique utile. Elle pense notamment que l’amélioration de la perméabilité intestinale pourrait constituer un nouveau modèle de traitement efficace.

« Nous avons constaté que l’utilisation de médicaments existants restaurant l’intégrité de la barrière intestinale, qui empêchent l’intestin de devenir perméable ou qui inhibent le déplacement des cellules inflammatoires vers et depuis l’intestin, pouvait réduire la gravité de l’arthrite dans les modèles précliniques », conclut la chercheuse.

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