S’il avait été précédemment proposé qu’un ensemble d’oeuvres préhistoriques, trouvées sur les parois de centaines de grottes européennes, constituaient le plus ancien exemple de système d’écriture jamais découvert, de nouvelles analyses remettent largement en question cette idée.
Une série de symboles intrigants
Publiée en janvier 2023, l’étude initiale s’était concentrée sur l’art rupestre européen du Paléolithique supérieur, créé il y a entre 45 000 et 12 000 ans. À l’époque, le chercheur britannique Ben Bacon et ses collègues avaient conclu que les séries de lignes et de points à côté de silhouettes d’animaux herbivores indiquaient leurs habitudes de reproduction, et étaient étroitement liés au calendrier lunaire.
Selon eux, chaque ligne ou point tracé représentait 30 jours. Le nombre de symboles d’une séquence donnée et la marque Y (l’un des signes les plus fréquents dans l’art non figuratif paléolithique) correspondant quant à eux respectivement au nombre de mois séparant le début du printemps de la saison d’accouplement des animaux et de celle de la mise bas.
Pour étayer cette affirmation, ceux-ci soulignaient qu’aucune des séquences étudiées ne comprenait plus de 13 marques, correspondant aux 13 mois lunaires de chaque année. Mais, comme le soulignent les auteurs de la nouvelle étude, publiée dans le Cambridge Archaeological Journal, il existe en fait plusieurs exemples préhistoriques de séquences de lignes et de points dépassant ce chiffre, délibérément exclus de l’analyse initiale.
Par ailleurs, il s’avère que l’ensemble des espèces représentées donnaient naissance durant les premiers mois du printemps, rendant l’utilisation d’un système aussi complexe à de telles fins peu probable. « Pourquoi les Hommes du Paléolithique auraient-ils eu besoin d’un calendrier pour consigner ou prédire le fait banal que les principales espèces de grands herbivores mettaient bas un ou deux mois après la fonte des neiges ? », s’interroge l’équipe.
Des conclusions battues en brèche
En raison de ces importantes lacunes, les chercheurs s’opposent fermement aux conclusions précédemment tirées, ainsi qu’à l’idée que la marque Y (qui aurait signifié « donner naissance » selon les auteurs de l’étude initiale) soit le plus ancien mot écrit connu.
Se basant sur une série d’études ethnographiques et des œuvres d’art rupestre plus récentes, ils estiment que ces différents symboles auraient potentiellement représenté « des abeilles, des graines, des astres, des gouttes de pluie, des huttes, des feux ou des traces de sang ».
Par Yann Contegat, le
Source: IFL Science
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