Dans certaines forêts, des espacements entre les arbres peuvent être vus depuis la base de leurs troncs. Un tracé clair et irrégulier que l’on peine encore à expliquer. Plusieurs hypothèses sont possibles, mais aucune n’est encore considérée comme la vérité. Timidité ? Protection contre les épidémies ? Petit focus sur ce phénomène méconnu communément appelé la « couronne de timidité ».
Les arbres seraient-ils timides ? C’est la question que l’on peut se poser lorsque l’on voit ces images. Chaque arbre semble conserver une distance avec les autres, comme un périmètre de sécurité. Ce phénomène est appelé “crown-shyness”, la couronne de timidité, terme inventé en Australie en 1960 quand les scientifiques ont commencé à s’interroger sur ce comportement végétal. On rencontre ces fentes de timidité seulement chez certaines espèces d’arbres comme le palétuvier blanc, le pin tordu ou le chêne vert.
La cause exacte de cette formation n’est pas encore révélée, plusieurs raisons sont possibles : la pousse des branches casse les bourgeons des autres arbres, empêchant ainsi un entremêlement. Ou peut-être que certains feuillages dégagent un gaz particulier, ou que le vent, en faisant bouger la cime des arbres, crée cet espace par frottements. Une autre hypothèse possible est que garder cette distance de sécurité permet de ralentir la propagation de larves. Enfin, il est également probable que ces fentes de timidité soient maintenues afin de permettre une meilleure luminosité en forêt.
L’étude des communautés végétales se nomme la phytosociologie. C’est une discipline à part entière qui permet de comprendre et d’analyser les comportements sociétaires et les relations spatio-temporelles des végétaux. On rencontre d’ailleurs une sorte de timidité dans les racines de certaines espèces d’arbres qui ne s’entremêlent pas.
La nature nous réserve encore des surprises. A la rédaction, nous sommes à la fois curieux et attendris par cette “attitude” particulière. Pensez-vous que ces espaces sont dus à une sorte de timidité des arbres ou au contraire que c’est un procédé n’ayant rien à voir avec un quelconque sentiment de la part des végétaux ?
Par Lauranne Boivin, le
Source: laboiteverte