
Une découverte paléontologique bouleverse notre vision traditionnelle des araignées. Un fossile de Mollisonia symmetrica, vieux de 515 millions d’années, révèle une structure cérébrale très proche de celle des arachnides modernes. Cette trouvaille suggère une origine bien plus aquatique que prévu.
Ce que le cerveau fossilisé de Mollisonia change dans notre vision de l’évolution
Les araignées ont longtemps symbolisé la vie terrestre. Leur système respiratoire, leurs comportements de chasse et leur adaptation aux environnements secs semblaient appuyer cette idée. Depuis des décennies, les scientifiques pensaient que leurs ancêtres avaient quitté l’océan il y a environ 400 millions d’années, à l’image des premiers amphibiens.
Pourtant, ce scénario repose surtout sur des indices morphologiques externes, comme la présence de chélicères, d’un exosquelette segmenté ou de pattes articulées. Or, en paléontologie, les apparences sont parfois trompeuses. C’est justement l’intérieur de la tête de Mollisonia symmetrica qui remet tout en question.
Le cerveau fossilisé de Mollisonia révèle une organisation proche des araignées modernes
Ce fossile, découvert dans les schistes canadiens, appartenait à une créature marine du Cambrien moyen. Grâce à une imagerie optique avancée, les chercheurs ont pu reconstituer l’architecture de son système nerveux. Ils ont alors identifié une configuration cérébrale en éventail, avec une inversion des lobes et des nerfs connectés aux pattes. Cette structure ressemble fortement à celle observée chez les araignées actuelles.
Cette découverte s’avère d’autant plus frappante qu’elle repose sur des données internes rarement préservées dans des fossiles aussi anciens. Nicholas Strausfeld, neurobiologiste à l’université d’Arizona, dirigeait cette étude. Il insiste sur le fait que cette structure cérébrale confère aux araignées leur agilité et leur précision. Selon lui, Mollisonia pourrait être non pas un simple cousin, mais un véritable parent aquatique des araignées.
Afin de valider cette hypothèse, les chercheurs ont mené une étude phylogénétique approfondie, reposant sur 115 traits cérébraux et morphologiques. En conséquence, les résultats confirment un lien étroit entre Mollisonia et les arachnides, éliminant l’idée d’une simple coïncidence évolutive.
Ce fossile pourrait bouleverser notre compréhension de l’évolution des arthropodes
Si cette hypothèse se confirme, elle redessinerait une branche entière de l’évolution. Ainsi, les araignées ne seraient plus uniquement des animaux terrestres, mais les descendantes d’une lignée marine ayant développé très tôt des capacités neurologiques avancées.
Par ailleurs, cette révélation relance aussi le débat sur l’émergence des cerveaux complexes. Elle suggère que des traits jugés récents existaient déjà dans les premières formes de vie multicellulaire. Par conséquent, elle modifie notre chronologie sur la spécialisation neurologique dans le règne animal.
Par Eric Rafidiarimanana, le
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