Alors qu’il était jusqu’à présent considéré comme lourd et pataud, de nouvelles recherches révèlent que l’antéosaure, prédateur ayant vécu sur Terre il y a 260 millions d’années, était en réalité un redoutable chasseur.
« Certains scientifiques ont même suggéré que l’antéosaure était si lourd qu’il ne pouvait vivre que dans l’eau »
À en juger par ses dents épaisses, son crâne imposant et sa mâchoire puissante capable de broyer des os, il ne fait aucun doute que l’antéosaure, reptile pré-mammifère qui parcourait le continent africain il y a 265 à 260 millions d’années (Permien moyen), était carnivore. Alors qu’on pensait auparavant que cette bête (de la taille d’un hippopotame ou d’un rhinocéros adulte et pourvue d’une épaisse queue de crocodilien) était trop lourde pour chasser efficacement, une nouvelle étude parue dans la revue Acta Palaeontologica Polonica suggère qu’il aurait été capable de traquer, courser et tuer ses proies.
En dépit de son nom et de son apparence impressionnante, l’antéosaure n’était pas un dinosaure, mais un dinocéphale, des reptiles semblables à des mammifères ayant régné sur la Terre environ 30 millions d’années avant que les dinosaures n’apparaissent.
Découverts dans de nombreux sites fossilifères de la planète, les os des dinocéphales se révèlent particulièrement denses et épais, et ceux de l’antéosaure, pourvu d’un crâne bosselé et d’une longue crête au sommet du museau lui donnant une apparence particulièrement féroce, ne font pas exception. Cependant, en raison de son lourd squelette, on pensait auparavant qu’il s’agissait d’un animal plutôt léthargique, se déplaçant lentement et ne pouvant, au mieux, que trainer ou piéger ses proies.
« Certains scientifiques ont même suggéré que l’antéosaure était si lourd qu’il ne pouvait vivre que dans l’eau », souligne le Dr Julien Benoit de l’Institut d’études évolutionnaires de l’université du Witwatersrand (Afrique du Sud).
Rapide et agile
S’appuyant sur une technique avancée d’imagerie à rayons X, les chercheurs ont soigneusement reconstruit numériquement le crâne de l’antéosaure en trois dimensions, afin d’étudier ses structures internes. L’analyse des caractéristiques spécifiques de son cerveau et des organes assurant son équilibre (oreille interne) a révélé que la créature était tout sauf lente.
« Les prédateurs agiles tels que les guépards ou le tristement célèbre vélociraptor ont toujours eu un système nerveux très spécialisé et des organes sensoriels bien développés leur permettant de traquer et de chasser efficacement leurs proies », explique Benoit. « Nous souhaitions savoir si l’antéosaure possédait de telles adaptations. »
L’équipe a découvert que l’oreille interne de l’antéosaure était relativement plus imposante que celle de ses plus proches parents et d’autres prédateurs contemporains indiquant que l’antéosaure était capable de se déplacer beaucoup plus vite que ses proies et concurrents. Il s’est également avéré que la partie du cerveau responsable de la coordination des mouvements des yeux et de la tête était exceptionnellement développée, ce qui aurait été un trait crucial pour assurer les capacités de pistage de l’animal.
Une puissante machine à tuer préhistorique
« En créant la reconstruction la plus complète d’un crâne d’antéosaure à ce jour, nous avons découvert que, dans l’ensemble, le système nerveux de l’antéosaure était optimisé et spécialisé pour chasser et frapper rapidement, contrairement à ce que l’on croyait auparavant », souligne le Dr Ashley Kruger du Musée d’histoire naturelle de Stockholm (Suède).
« Même si l’antéosaure a vécu 200 millions d’années avant le célèbre Tyrannosaurus rex, il n’était assurément pas une créature ‘primitive’ », conclut Benoit. « Il s’agissait d’une puissante machine à tuer préhistorique. »
Par Yann Contegat, le
Source: Eurekalert
Étiquettes: prehistoire, reptile, antéosaure, anteosaurus
Catégories: Actualités, Histoire