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En Antarctique, des changements « abrupts » en cours inquiètent les scientifiques

Les conséquences seraient potentiellement catastrophiques pour le monde entier

Masse de glace fracturée en Antarctique, vue rapprochée de la banquise se désagrégeant au contact de l’océan
La banquise antarctique montre des signes inquiétants de fragilité : une fonte record amplifiée par les températures anormales — axily / Shutterstock.com

L’Antarctique, autrefois perçu comme un environnement isolé et stable, subit désormais des transformations rapides et alarmantes. La fonte accélérée de la banquise, l’amincissement des plateaux glaciaires, l’approche de points de basculement pour les calottes glaciaires et le ralentissement des courants océaniques vitaux illustrent l’ampleur du problème. Une étude récente publiée dans Nature confirme que ces phénomènes sont déjà en cours et devraient s’intensifier dans les années à venir. Ces bouleversements ne se limitent pas à l’écosystème antarctique ; leurs impacts se feront sentir à l’échelle mondiale.

Que signifie un « changement brutal » ?

En science, ce terme désigne une transformation environnementale qui survient bien plus vite que ce que la tendance moyenne laissait présager. Ces transitions soudaines inquiètent car elles s’auto-renforcent : une fonte accélérée de la glace expose par exemple davantage l’océan sombre, qui absorbe la chaleur du soleil et fait fondre encore plus de glace. Une fois enclenchées, ces dynamiques sont extrêmement difficiles à inverser à l’échelle humaine.

Contrairement à l’idée de changements progressifs causés par le réchauffement climatique, l’Antarctique connaît des transformations soudaines depuis environ dix ans. Pendant longtemps, cette région semblait moins affectée par les activités humaines que l’Arctique, mais cette tendance s’est inversée.

Les systèmes naturels de l’Antarctique sont interconnectés. Ainsi, un déséquilibre dans un élément peut provoquer des répercussions majeures dans les autres. Depuis 2014, la banquise antarctique fond à un rythme sans précédent, deux fois plus rapide que celui de la banquise arctique, dépassant largement les variations naturelles observées dans le passé.

La diminution de cette glace réfléchissante, avec son effet d’albédo, entraîne un réchauffement des océans. Cela menace des espèces comme les manchots empereurs, qui dépendent de la glace pour leur reproduction. De plus, la disparition de la banquise expose les plateaux glaciaires aux vagues, augmentant leur fragilité.

Les courants océaniques menacés

La fonte des glaces perturbe la circulation océanique profonde autour de l’Antarctique, connue sous le nom de circulation de retournement antarctique. Ce système essentiel régule le climat mondial en absorbant le dioxyde de carbone et en redistribuant la chaleur. Un ralentissement similaire est observé dans la circulation de l’Atlantique Nord.

Le risque d’un effondrement de la circulation thermohaline antarctique est particulièrement préoccupant, car il pourrait se produire deux fois plus vite que dans l’Atlantique Nord. Une telle perturbation limiterait l’absorption de dioxyde de carbone et d’oxygène par les océans, entraînant des conséquences graves pour les écosystèmes marins et le climat.

La calotte glaciaire de l’Antarctique occidental fond déjà à un rythme inquiétant. Depuis les années 1990, la perte de glace a été multipliée par six. Si elle venait à s’effondrer, elle ferait grimper le niveau des mers de plus de cinq mètres. Même si ce scénario pourrait s’étaler sur plusieurs siècles, certains signaux laissent penser que le point de bascule est proche.

Ces incertitudes rendent les prévisions sur la montée des océans particulièrement difficiles. Or, environ 750 millions de personnes vivent aujourd’hui dans des régions côtières de basse altitude, directement menacées par ces évolutions. Les infrastructures, les villes portuaires et les zones agricoles côtières pourraient être lourdement impactées.

Des écosystèmes fragilisés

La transformation de l’Antarctique ne se limite pas à la glace et aux océans. La faune et la flore subissent elles aussi des bouleversements. Le réchauffement des eaux, la disparition des habitats glaciaires et l’arrivée d’espèces invasives fragilisent un équilibre déjà précaire.

Certes, le traité sur l’Antarctique et la création de zones protégées terrestres et marines constituent des outils essentiels pour limiter l’impact direct des activités humaines. Mais ces mesures ne suffiront pas à sauver certaines espèces emblématiques, comme les manchots empereurs ou les léopards de mer, si les émissions de gaz à effet de serre ne diminuent pas rapidement.

L’Antarctique n’est plus ce sanctuaire isolé et immuable. Il est en train de changer à une vitesse inédite, conséquence directe de l’excès de chaleur piégé par des décennies d’émissions. Si nous voulons limiter les dégâts, la réduction drastique des gaz à effet de serre reste la seule voie possible, afin de contenir le réchauffement global à environ 1,5 °C.

Cependant, certains impacts sont déjà inévitables. Les gouvernements, les entreprises et les communautés côtières doivent se préparer à un avenir marqué par des défis majeurs. Les choix que nous faisons aujourd’hui détermineront si nous parvenons à atténuer ces impacts ou si nous subissons des transformations irréversibles.

Par ailleurs, une tuyauterie insoupçonnée a été découverte sous l’Antarctique.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: Science Alert

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